Comme l'an passé, c'est la dérive financière de la Sécurité sociale, sous l'effet des dépenses exceptionnelles de crise sanitaire, qui aura marqué l'exercice.
Le premier trimestre apporte une bonne nouvelle : la récession s'avère moins brutale et le déficit corrigé du régime général en 2020 se révèle moins abyssal que prévu, à 38,7 milliards d'euros (contre 49 milliards votés). Il n'empêche : les experts conjecturent au printemps sur la « dette Covid » transmise aux générations futures (comment la financer ?) et, dès l'été, la commission des comptes de la Sécu s'inquiète de la dérive « sans précédent » des comptes sociaux, malgré la reprise économique. Le déficit prévisionnel pour 2021 dépasserait encore 38 milliards d'euros, plombé par une branche maladie exsangue (-31 milliards) sous l'effet des dépenses de crise (troisième vague, tests, IJ, vaccination) et de l'entrée en vigueur des mesures du Ségur de la santé.
À la rentrée, la Cour des comptes, alarmiste, exhorte l'État à reprendre les réformes en jachère et la régulation du système de santé. « La crise de la Covid est à l'origine d'une rupture dans la trajectoire financière de la Sécurité sociale », assène la rue Cambon. Malgré le rebond de l'activité qui dope les recettes, les frais continuent de grimper en 2021 avec les nouveaux surcoûts de la vaccination (4,7 milliards) et des tests de dépistage (6,2 milliards). Mais surtout, ce sont les perspectives durablement dégradées qui inquiètent puisque les déficits attendus par l'exécutif se poursuivraient en 2022 (-22 milliards), en 2023 (-15 milliards) puis en 2024 (-13 milliards), rendant le système de financement quasi insoutenable.
À l'automne, le gouvernement affiche néanmoins un budget de la Sécu (PLFSS 2022) de « sortie de crise » (-21,6 milliards d'euros envisagés l'an prochain) mais reconnaît que les prévisions sont très incertaines puisqu'elles dépendent de l'évolution de la situation sanitaire et de la vigueur de la reprise. C'est dans ce contexte que surgit le débat sur le financement de la santé, à la faveur d'un rapport commandé par le gouvernement, avec le scénario controversé d'une « Grande Sécu » se traduisant par l'extension du remboursement à 100 %. De quoi faire oublier les déficits et la dette pour questionner la répartition entre l'Assurance-maladie obligatoire et les complémentaires santé.
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