À quelques jours de son AG extraordinaire, le 3 septembre, le patron de la fédération SOS médecins France dénonce l'avenant n°9 signé fin juillet par les partenaires conventionnels, qui écarte de son bénéfice – extension de la visite longue à 70 euros – les généralistes du réseau SOS. Pour le Dr Jean-Christophe Masseron, ce texte est une provocation qui va entraîner des arrêts d'activité de SOS en journée.
LE QUOTIDIEN : L'antenne de SOS médecins de Toulouse menace de faire grève. Pourquoi cette colère ?
Dr JEAN-CHRISTOPHE MASSERON : L'avenant 9 signé par trois syndicats de médecins libéraux [la CSMF, MG France et Avenir Spé-Le BLOC, Ndlr] prévoit une revalorisation de la visite à domicile pour les plus de 80 ans en ALD. Techniquement, la mesure prise revient à une hausse de la cotation de la visite longue (VL) dont sont exclus les 1 300 généralistes de notre fédération, qui effectuent pourtant des visites 24 heures/24, 365 J/365 ! Face à la non reconnaissance de notre travail, face à cette provocation, plusieurs associations, comme celle de Cherbourg, ont déjà déposé un préavis de grève pour exprimer leur colère. Une assemblée générale extraordinaire est prévue le 3 septembre pour décider de la nature des actions coordonnées au niveau national.
Que demandez-vous ?
Nous revendiquons de longue date la revalorisation de la visite à domicile, en particulier la hausse de la majoration de déplacement dans la journée à hauteur de 20 euros au lieu de 10 euros. Ce tarif est bloqué depuis une quinzaine d'années. Aujourd'hui, il n'y a aucune prise en compte de nos demandes et c'est méprisant. Nous avons pourtant alerté le gouvernement sur le risque de disparition des visites à domicile proposées par SOS médecins. Notre modèle économique ne nous permet pas de maintenir nos services dans les conditions actuelles, tout au moins en journée.
En août, nous avons écrit au président de la République pour l'alerter de cette situation. Mais à ce jour, nous n'avons eu aucune réponse de sa part. Olivier Véran qui s'était pourtant engagé lors de notre congrès à revaloriser la visite n'a pas non plus réagi. Notre fédération attend une main tendue du ministre de la Santé ou de la CNAM à travers, par exemple, la négociation d'un nouvel avenant pour régler le problème de la visite à domicile.
Quelle pourrait être la nature de vos actions de protestation ?
Les actions seront soumises à la décision de notre AG extraordinaire, vendredi prochain. Mais nous allons certainement lancer un appel à l'arrêt d'activité en journée de 8 heures à 20 heures dans la semaine. Nous pourrions également suspendre de façon indéterminée les visites demandées par le SAMU ou la police dans le cadre des gardes à vue ou des certificats de décès.
Une partie de l'activité effectuée dans le cadre de la permanence des soins pourrait également être réduite. Pour rappel, nous effectuons 10 000 visites par jour. Nous sommes donc conscients que cette grève va peser sur les patients, qui vont se retrouver à l'hôpital. Mais cette fois, la coupe est pleine.
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