Le tocsin a été déjà sonné par le comité d'alerte début juin. Cette fois-ci, c'est la commission des comptes de la Sécurité sociale qui en remet une couche dans son rapport annuel que « Le Quotidien » a pu consulter. Pour 2020, le déficit du régime de base et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) de - 38,7 milliards d'euros est « sans précédent », écrit cet organisme. Pour 2021, malgré la reprise économique, ce déficit atteindrait à 38,4 milliards d'euros, alors que la loi de finances avait prévu un trou de 35,8 milliards d'euros.
Concernant la branche maladie uniquement, le déficit se creuserait encore à 31 milliards, après 30,4 milliards en 2020, malgré la reprise de l'activité économique. Les charges de cette branche sont liées principalement aux dépenses très importantes pour faire face à la crise sanitaire (troisième vague épidémique, tests, vaccination) et à la montée en charge des mesures en faveur des établissements de santé et médico-sociaux via la Ségur de la Santé.
Dépenses exceptionnelles
Comme prévu, les dépenses couvertes par l'objectif national des dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) 2021 voté à 225,4 milliards d'euros atteindrait 235 milliards d'euros, soit 9,6 milliards d'euros de plus, « une progression de 17,1 % par rapport à la situation d'avant-crise (2019) à périmètre courant (16,4 % à périmètre constant du fait de la création de la branche autonomie) », note le rapport. Le taux de progression de l’ONDAM serait de 6,7 % par rapport à 2020. Les dérapages sont liés aux dépenses supplémentaires liées à la crise sanitaire (+ 9,1 milliards d'euros), au remboursement des produits de santé (+ 500 millions d'euros).
Dans son chapitre consacré à la consommation de soins de ville, les dépenses de prestations de ville ont été marquées par la crise de la Covid-19, en hausse de 6,5 % en 2020, contre 2,7 % en moyenne entre 2010 et 2019 (sur le champ du régime général). Mais cette progression reste disparate selon les postes : plus soutenue pour les dépenses exceptionnelles liées à la crise sanitaire, et notamment par la dynamique des indemnités journalières et des tests de dépistage (30 millions de tests PCR réalisés en ville en 2020) ainsi que les honoraires des biologistes, pharmaciens d'officine et infirmiers.
À l’inverse, plusieurs postes de soins ont été très affectés par le premier confinement, et ont bénéficié à ce titre d’une compensation partielle de leurs pertes d’activité, financée par l’Assurance-maladie. Le rapport indique que certains postes comme celui des médecins généralistes n'ont pas totalement retrouvé leur dynamique d'avant crise, alors que d'autres ont pu bénéficier d'un rattrapage important à partir du mois de juin (actes techniques des spécialistes, soins dentaires, masseurs-kinésithérapeutes).
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