Ainsi que le soulignait Éric May, président de l’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé (USMCS), en ouverture de la manifestation, ce 54e Congrès des centres de santé s’est tenu dans un contexte bien particulier pour la médecine salariée. Et plutôt porteur si l’on en croit les responsables de ces structures. L’absence de la ministre cette année n’est pas de nature à atteindre leur moral car, Éric May l’affirme, les centres de santé « ont un temps d’avance sur les lois et les pratiques ».
Des lois, qu’il s’agisse de la future loi Santé ou du budget de la Sécurité sociale, il en a beaucoup été question lors de ce congrès. Dès le départ, les centres de santé ont adhéré aux orientations de la Stratégie nationale de santé. Et si, aujourd’hui, Éric May confie son étonnement sur le projet de loi de santé, le président de l’USMCS affirme que « les centres ne vont pas esquiver le débat et feront entendre leur voix ». D’autant plus qu’il est persuadé qu’ils sont « le moyen pour faire la révolution des soins de premier recours ».
Des signaux positifs
De fait, du côté du ministère de la Santé, les signaux sont positifs. Pour Jean Debeaupuis, directeur général de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), « la révolution du premier recours est fondée sur l’idée que des équipes de santé sont constituées dans les territoires avec de nouveaux modes de rémunération ».
Une définition qui fait des centres les premiers acteurs de ce mouvement. Et qui, Jean Debeaupuis l’assure, renforcera leur rôle dans la mise en œuvre de la future loi.
En attendant, l’heure est à la présentation du budget de la Sécurité Sociale pour 2015. Un contexte budgétaire serré, même si le patron de la DGOS ne manque pas de rappeler que priorité a été donnée à la médecine de ville, donc, en son sein, aux centres de santé. Autre gage donné par le haut fonctionnaire : les nouvelles modalités de rémunération des maîtres de stage bientôt effectives en centres de santé.
Ce ne sera pas la seule des recommandations faites par l’IGAS qui sera appliquée, promet Jean Debeaupuis, même s’il reconnaît, que «?toutes, par construction, n’ont pas vocation à être retenues?». Dans son rapport sur les centres de santé, l’Inspection formulait en juillet 2013 vingt préconisations pour pallier la fragilité financière des centres et, in fine, esquisser un nouveau modèle économique.
Un modèle prisé par les jeunes
Sur la généralisation du tiers-payant, les centres de santé se sentent aussi en avance d’une réforme. Ils n’ont pas attendu le gouvernement pour s’y mettre et espèrent profiter du chantier de sa généralisation pour gagner en simplification et en réduction des coûts. Au-delà, les centres de santé mettent en avant un modèle d’exercice plutôt prisé par les nouvelles générations de médecins. Attractivité qu’Éric May attribue, notamment, à la souplesse du mode d’exercice, à la coopération avec d’autres professionnels de santé ainsi qu’à la rémunération forfaitaire.
Lors du congrès, le président de l’Isnar-IMG, Pierre-Antoine Moinard, est venu confirmer que les jeunes regardent volontiers vers les alternatives au paiement à l’acte, même si le chef de file des internes en médecine générale estime que les centres de santé disposent d’une trop faible visibilité auprès d’eux. Un conseil à méditer alors que, selon l’USMCS, une trentaine de nouveaux projets de centres de santé seraient actuellement en cours d’élaboration.
Décidément pour les centres de santé, cette rentrée semble porteuse. Les négociations sur une nouvelle convention progressent et, de l’avis d’Éric May, ce texte « qui devrait être signé fin octobre ouvre de nouvelles perspectives aux centres, à leurs gestionnaires et à leurs équipes en leur offrant de nouveaux moyens et les justes financements de leur mission ». Autant dire qu’alors que la grogne monte chez les libéraux, la plupart des clignotants semblent au vert du côté de la médecine salariée.
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