Après Les Généralistes-CSMF et MG France, c’est au tour du Syndicat des médecins libéraux (SML) de se lancer dans la campagne aux URPS 2021. Ce mardi, le syndicat présidé par le stomatologue Philippe Vermesch a détaillé son programme politique « 100 % libéral » pour le scrutin qui se déroulera du 31 mars au 7 avril par voie électronique.
Comme ses homologues, le syndicat fait de la revalorisation des actes médicaux sa priorité numéro un. Il se démarque toutefois par le niveau de rémunération exigé. Alors que la CSMF et MG France rêvent d’un C à 30 euros, le SML estime que pour être au niveau européen, le tarif de l’acte de base doit être porté à 45 euros ! L’organisation réaffirme en outre son opposition aux forfaits en tout genre. « La seule revalorisation qui vaille est la revalorisation des actes médicaux », clame-t-elle. « Si l’acte était à une valeur normale, tous les médecins pourraient vivre décemment de leur art sans être contraints d’avoir recours au supplément de rémunération que leur procurent les Rosp, qui ne sont qu’un pis-aller », affirme Philippe Vermesch. Lequel souhaite d’ailleurs que la Rosp « trop compliquée et inégalitaire » soit revue.
Le SML plaide aussi pour une simplification de la tarification et pour le développement de consultations longues et de prévention.
Le consentement, c’est important
Face aux attaques répétées contre la profession (délégations de tâches, proposition de loi proposant la création d’un statut de sage-femme traitante…), le SML veut siffler la fin de la récréation et entend « restaurer le pouvoir du médecin ». « Faut-il vraiment que les pouvoirs publics inventent chaque année des mesures qui s’avèrent inefficaces l’année suivante ? », interroge son président. « Ils dépouillent la pratique médicale d’une série de tâches sans s’interroger sur la qualité, voire la dangerosité de cette délégation de tâches à des professionnels moins qualifiés », ajoute-t-il. Le syndicat veut en finir avec le « mercato des compétences », même s'il précise ne pas être opposé par principe aux délégations de tâches, pourvu que celles-ci soient consenties et aient fait l’objet de discussions préalables.
Le SML prône « une coopération renforcée » entre professionnels de santé. « Plutôt que de transférer des tâches, mieux vaut permettre aux professionnels de santé libéraux de travailler en coordination, chacun dans son champ de compétences », insiste Philippe Vermesch.
Pour parvenir à cette restauration du pouvoir, des praticiens souhaitent également en finir avec « les référentiels, ententes préalables et autres protocolisations qui administrent l’activité pour brider le pouvoir du médecin ».
Reconnaître les équipes de soins ouvertes
La crise sanitaire ayant illustré l’importance de la médecine de ville, le SML souhaite « faire du médecin le leader de son territoire ». « Ce n’est ni aux hôpitaux, ni aux centres de santé, ni aux administrations d’organiser les soins de proximité, souligne Philippe Vermesch. C’est aux soignants libéraux de le faire, sous la direction des médecins qui doivent en conserver le pilotage ». Le Syndicat des médecins libéraux répète ainsi sa volonté de voir le modèle d’équipes de soins ouvertes qu’il défend de longue date être reconnu « pleinement et entièrement ». Le syndicat appelle également à simplifier et débureaucratiser les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Le SML souhaite en outre « redonner la main aux médecins libéraux pour organiser la permanence des soins » et qu’une PDS numérique en téléconsultation soit développée.
Des assistants pour tous les médecins
En plus de démontrer la capacité des médecins libéraux à s’organiser sur leur territoire, la crise sanitaire a également « illustré la nécessité de renforcer leur protection sociale, souligne le SML. Sans être malades, beaucoup de praticiens se sont vus contraints d’interrompre leur activité. Il faut en tirer les enseignements, sur le plan social, sur le plan économique et sur le plan organisationnel. »
L’organisation du Dr Vermesch, qui revendique l’instauration d’indemnités journalière au premier jour en cas de contraction du Covid, veut donc compléter la protection sociale du médecin libéral, de manière à « réhabiliter le métier ». Dans ce même but, le SML veut stimuler l'esprit d'entreprise des praticiens. Pour cela, il estime que les aides conventionnelles à l’installation ne doivent plus être réservées aux seules zones sous-denses. Le syndicat souhaite de plus que chaque médecin puisse bénéficier des services d’un assistant médical.
Afin de faciliter la « transmission de l’entreprise médicale », le SML propose la mise en place d’un « contrat de solidarité de succession active ». « Non seulement le médecin qui cède son entreprise peut présenter son successeur à sa patientèle, mais il serait également souhaitable que le médecin nouvellement installé puisse faire appel à lui pour le remplacer en cas de besoin. Cette façon de voir est une sécurité pour les deux parties », explique Philippe Vermesch.
Enfin, le SML s’empare du sujet de l’insécurité des médecins. Selon un sondage qu’il a mené récemment auprès de 1 213 médecins, 27 % des praticiens ayant répondu ont affirmé qu’ils constataient « une recrudescence des attitudes de violence de la part des patients ». Le syndicat demande donc « l’impunité zéro pour les auteurs de violences, crimes et délits sur des médecins ».
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