C’est un concubinage qui interroge : le groupe Afflelou a annoncé s’associer avec la plateforme Doctolib « pour simplifier et élargir l’accès à son service de téléconsultation avec un ophtalmologue dans plus de 150 magasins partout en France ». Une annonce qui a « surpris » le Dr Vincent Dedes, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof). « Le cœur de métier de Doctolib, c’est de proposer des rendez-vous médicaux et là, il s’agit d’un partenariat direct avec une enseigne commerciale. Les opticiens sont certes des professionnels de santé et des commerçants, ils ont la double casquette, mais Afflelou, c’est un financier pur ». Joint par Le Quotidien, le chef de file du Snof précise qu’il a déjà contacté la plateforme Doctolib pour obtenir des précisions sur le contexte et les modalités de ce nouveau partenariat.
Parcours de soins, ordonnances captives…
« J’ai dit à Doctolib que nous serions très attentifs quant au respect des règles de la téléconsultation. Ce que proposent les deux partenaires n’est, en soi, pas illégal, mais, en la matière, des procédures très précises existent », insiste le Dr Dedes, qui fait notamment référence au respect du parcours de soins. De fait, le suivi régulier et de qualité des patients implique une alternance nécessaire de consultations en présentiel et à distance.
De surcroît, il faut que le patient sache où se situe géographiquement le médecin spécialiste qui assure la consultation ophtalmo. « Et en cas d’anomalie, il faut que cet ophtalmologiste soit en capacité de gérer la continuité des soins. Il y a déjà eu des sanctions ordinales pour des médecins qui ne l’avaient pas assuré. Si le médecin est à 500 ou 1 000 km, théoriquement, il ne devrait pas faire cette consultation », recadre le président du Snof.
Un autre écueil est possible avec ce partenariat : le non-respect du libre choix de l’opticien par le patient et le risque de compérage. « Nous craignons que, dans ce type de dispositif, l’ordonnance devienne “captive” du magasin puisque la personne qui y a consulté y achètera probablement ses lunettes. Ce qui n’est pas normal. Si elle a une prescription pour une correction optique, elle doit pouvoir acheter ses verres ou ses lentilles où elle le souhaite », rappelle le Dr Dedes.
Un parcours de soins visuels plus lisible ?
Dans ce contexte d’interrogations multiples, Anthony Afflelou (qui a succédé à son père, Alain, à la tête du groupe) aurait « entendu le message », veut croire le Dr Vincent Dedes. La société Doctolib a également assuré vouloir rendre le parcours de soins visuels plus lisible. « Nous travaillons avec eux et on espère qu’au premier trimestre 2025, on aura quelque chose d’un peu plus carré avec Doctolib pour que le patient soit en confiance lors de sa prise de rendez-vous », ajoute le patron du Snof.
Selon le dernier rapport de la Drees (ministère de la Santé) sur la consommation de soins, les dépenses des postes concernés par le « 100 % santé » (optique, audioprothèses, soins dentaires) ont bondi en 2023 (+5,9 %), portées justement par l’accélération du secteur de l’optique (+8 %).
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