Trois cabinets en deux ans : « Ouest France » raconte jeudi l’itinéraire d’une médecin généraliste roumaine ayant bénéficié à trois reprises d'aides à l'installation de la part de mairies à la recherche d'un omnipraticien entre 2016 et aujourd'hui. Le récit, sur Twitter, fait jaser.
La déontologie ne m'autorise pas à raconter ce que je sais. Brasparts est prêt de chez moi je remplaçais la commune limitrophe.
— Le Druide (@panarmorix) 1 février 2018
Rien d'illégal
« Beaucoup de médecins étrangers qui s’installent pour la première fois le font car les conditions sont relativement favorables, explique le président de l'Ordre de Bretagne, le Dr Jacques Morali. Après ils changent facilement car les conditions sont encore meilleures ailleurs ». « Ce n’est pas un cas particulier », précise le généraliste. Il se souvient d'un médecin tunisien venu, qui une fois installé dans les Côtes-d’Armor, était reparti un mois après avec le matériel payé par la mairie de la commune et des dettes.
Une conception particulière de la médecine que le Dr Morali refuse pourtant de condamner, au nom de la liberté d'installation. « Cette médecin utilise un système légal », souligne-t-il. « Il ne faut pas oublier que la médecine est une profession libérale. Un praticien peut s’installer où il veut, quand il veut, comme il veut ! »
« Sur le plan moral abandonner une clientèle n’est pas très éthique », concède le président de l'Ordre breton qui rappelle que seule la rupture de la continuité des soins est condamnable. Dans cette histoire, le Dr Morali dit ne pas savoir si la transmission des dossiers des patients a été assurée.
Une réflexion territoriale
Pour le président de l'Ordre local, les mairies ne sont pas assez prudentes. Plutôt que de passer par des « agences de recrutement payantes », dénichant des « praticiens étrangers se vendant au plus offrant », les municipalités devraient solliciter davantage les professionnels de santé locaux, affirme le président de l'Ordre breton. « Il faut avoir une réflexion plus territoriale, insiste-t-il. Les mairies devraient se rapprocher de l'Ordre et de l'agence régionale de santé pour réfléchir ensemble aux besoins du territoire. » Et arrêter de penser la venue de médecins comme un argument électoral, complète-t-il.
« Si certains médecins sont des "VRP" de la médecine, c'est car il y a beaucoup de postes à pourvoir. La vraie question est de savoir pourquoi il y en a tant, et pourquoi la médecine générale est beaucoup moins attractive que par le passé », conclut le Dr Morali.
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