C’est une décision inhabituelle. Depuis le 1er janvier, l’association SOS médecins Côte Basque n’assure plus les visites à domicile des patients en nuit profonde (de minuit à 8 heures). Pour compenser ce retrait, dont la décision a été prise en assemblée générale début décembre, la structure a élargi les horaires de consultation dans ses centres, jusqu’à 2 heures dans la nuit et dès 6 heures le matin au lieu d’une ouverture entre 8 heures et minuit. Et cela tous les jours. Regroupant 30 médecins généralistes, SOS médecins Côte Basque continue à assurer les astreintes médicales de nuit pour les certificats de décès et les nécessités médico-légales comme l’examen lors des gardes à vue.
Contacté par Le Quotidien, le président de la structure locale, le Dr Sébastien Sauvagnac, s’explique : « En nuit profonde, on enregistrait en moyenne six à dix visites et peu d’entre elles nécessitaient le déplacement d’un médecin. Avec les difficultés démographiques, nous souhaitons mieux nous organiser pour optimiser le temps médical ». Pour le généraliste et fondateur de SOS médecins Côte Basque, une autre raison justifie cette décision : « Il y a vingt ans, on faisait 100 % de visites à domicile mais aujourd’hui, rien n’a été fait pour revaloriser les tarifs malgré nos demandes au niveau national », déplore-t-il.
Fuite des médecins
Depuis des années, la Fédération nationale de SOS Médecins alerte le gouvernement sur le risque de disparition des visites à domicile en raison du manque d’attractivité des tarifs. Selon son président, le Dr Jean-Christophe Masseron, « les frais kilométriques n’ont pas été revalorisés depuis 15 ans et la baisse de l’offre en visite dans plein d’associations est une réalité ». Pour preuve, au niveau national, l’organisation comptabiliserait « environ deux millions de visites au lieu des trois millions habituellement ». « Comme on a une forte tension sur les consultations, les associations sont obligées de s’adapter et de s’organiser, ajoute le généraliste de Chambéry. On observe une fuite de médecins vers des activités moins lourdes et moins contraignantes ».
Localement, cette décision inquiète fortement la directrice générale de l’ARS, qui redoute un impact sur les urgences hospitalières. « Nous n’avons pas de prise, à notre niveau local, sur les revalorisations conventionnelles », a confié le 3 janvier Morgane Guillemot à Sud Ouest, tout en convenant elle aussi « d’un problème d’attractivité ».
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