Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, Olivier Véran a annoncé le lancement d'un « Ségur de la santé » le 25 mai prochain. Cette concertation sociale vise notamment à aborder la question de la revalorisation financière des personnels hospitaliers, lourdement mis à contribution depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Le ministre évoque notamment le souhait d'« atteindre rapidement un niveau de rémunération des infirmiers correspondant à la moyenne européenne (44 000 euros par an) ». « Il faut travailler à [leur] augmentation au-delà des primes », déclare ainsi Olivier Véran dans le JDD. Ce "Ségur" débutera par une « grande réunion multilatérale des partenaires sociaux au ministère » en vue d'un plan « cet été », indique le ministre de la Santé.
L’annonce de ce Ségur laisse toutefois dubitatifs les représentants du secteur, qui craignent un énième plan sans impact réel sur les salaires des personnels hospitaliers. « Il y a eu le grand plan Ma santé 2022, le grand plan hôpital de novembre dernier annoncé par le Premier ministre et puis là il y a le Ségur de la santé, a remarqué Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers sur Europe 1. Les deux précédents plans ne se sont pas traduits en euros, c'étaient des plans d'annonce donc on espère que le troisième sera plus constructif avec des conséquences sur le terrain. »
Pour Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, « cet entretien vise à calmer une contestation que le gouvernement sent monter en puissance dans les hôpitaux ». « Ils savent qu'une bombe sociale risque d'exploser dans les hôpitaux, très populaires auprès des Français », explique-t-il, ajoutant ne rien voir de « de concret dans ces annonces ».
Une journée de mobilisation nationale en juin ?
En effet, plusieurs syndicats et collectifs hospitaliers ont indiqué vendredi réfléchir à une « journée nationale de mobilisation » pour l'hôpital public qui pourrait avoir lieu « mi-juin ». Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé « déplore d'apprendre par voie de presse l'annonce d'une négociation qu'on réclame depuis plus d'un an » et se dit « dubitative sur le contenu ». « Les déclarations de M. Véran sur les 35 heures sont inquiétantes, a-t-elle expliqué à l'AFP. Il est incohérent de vouloir faire travailler plus des personnels qui n'ont jamais pu accéder à la réduction du temps de travail faute d'embauches. »
Dans son entretien, Olivier Véran assure que « la question n'est pas de déréglementer le temps de travail » mais de « créer un cadre beaucoup plus souple pour permettre à ceux qui le souhaitent de (travailler davantage) ou d'organiser leur temps de travail différemment. » « De nombreuses infirmières sont contraintes de faire des "ménages", c'est-à-dire des heures supplémentaires, illégalement, dans d'autres établissements. Si des salariés de l'hôpital souhaitent travailler davantage et augmenter leur rémunération, il faut que ce soit possible », estime le ministre.
Les 35 heures ont été déclinées à l'hôpital en 2002 sans les embauches nécessaires pour absorber leur impact, avec « des RTT que (les personnels) ne peuvent pas prendre », souligne de son côté Thierry Amouroux, évoquant « dans les hôpitaux de Paris un million de journées accumulés sur les compteurs que les agents ne peuvent pas prendre ».
Les acteurs plaident pour une « véritable revalorisation salariale »
« On réclame 300 euros par mois, qui correspond au différentiel constaté par l'OCDE entre le salaire moyen infirmier en France et le salaire moyen infirmier dans le reste de l'Union européenne », souligne Thierry Amouroux. « La demande, c'est une véritable revalorisation salariale, pour éviter que nos professionnels soient obligés de travailler en plus de leur horaire habituel pour s'en sortir », abonde Mireille Stivala.
Celle-ci espère « une négociation avec un cadre précis et un calendrier qui permette de consulter les personnels » et rappelle que le ministre n'a cité que les infirmiers, alors que « les personnels administratifs, les aides-soignants, les manipulateurs radios, les agents de blanchisserie ou des repas sont tout aussi concernés ».
(Avec AFP)
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique