Pas d'exonération des retraités actifs : « les médecins ne sont pas des tiroirs-caisses », fulmine un député généraliste

Par
Publié le 25/10/2018
plfss 2019

plfss 2019
Crédit photo : Amandine Le Blanc

On peut toujours compter sur Philippe Vigier pour déposer des amendements lors de l’examen du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à l’Assemblée. Coutumier notamment des propositions de conventionnement sélectif, le député UDI d’Eure-et-Loir avait promis cette année qu’il déposerait des amendements reprenant les mesures phares proposées de son rapport sur l’accès aux soins. Parmi celles-ci, une mesure d’urgence s'impose selon lui : l’exonération des charges de l’assurance vieillesse pour les médecins retraités qui continuent à exercer dans les zones sous-denses. Philippe Vigier avait demandé que l’amendement fasse l’objet d’un scrutin public. « Vous avez des mesures d’urgence, portez-les », a demandé Philippe Vigier à la ministre de la santé. « Ce n’est pas le nombre de médecins qui est important, c’est le nombre d’heures de médecine disponible. Nous avons des mesures d’urgence à sortir, elles passent notamment par les médecins retraités qui sont prêts à le faire », a expliqué le député.

Si l’amendement a reçu un avis défavorable de la commission des affaires sociales et du gouvernement, le groupe LR, par l’intermédiaire de Jean-Pierre Door, l’a en revanche soutenu : « nous portons aussi cet amendement depuis de nombreuses années. Il y a des années que les syndicats médicaux ou l’Ordre des médecins l’ont déjà proposé également », a-t-il rappelé. Ajoutant que sur le sujet le Sénat risque de renvoyer la balle à l’Assemblée. « Dans quelques semaines l’amendement sera devant le Sénat et il sera sans doute voté à l’unanimité comme l’année dernière, a-t-il souligné, pourquoi ne pouvons-nous pas le voter en premier à l’Assemblée ? »

Un amendement rejeté par 48 voix contre 30

Mais le débat sur ce cumul emploi-retraite a aussi fait sortir de ses gonds le député LREM de la Loire Julien Borowczyck, par ailleurs généraliste. « Je ne voudrais pas qu’on résume les médecins et les professionnels de santé à des tiroirs-caisses, je ne voudrais pas qu’on soit toujours en train de dire qu’il n’y a qu’avec l’argent qu’on arrive à attirer les médecins. Sortez de ce dogme », s’est-il emporté. « Vous l’avez dit vous-même, il y a une augmentation de la demande de temps de soins. Enlevez le temps administratif, la paperasse », a-t-il argumenté, soulignant que c’était dans cette direction que la majorité travaillait aujourd’hui.

Sans surprise, l’amendement a donc été rejeté avec 48 voix contre et 30 pour. Ce premier échange animé en promet bien d’autres, puisque Philippe Vigier a d’ores et déjà annoncé qu’il comptait bien ne rien lâcher sur les déserts médicaux, lui qui a sur son territoire « 6 000 personnes sans médecin traitant », a-t-il rappelé. « Nous avons passé cinq heures sur 100 millions d’euros sur l’agriculture, j’espère que nous allons en passer 15 sur la désertification médicale », a-t-il prévenu.

En début de séance, Agnès Buzyn a par ailleurs annoncé que le gouvernement déposerait ce soir plusieurs amendements, dont un pour accélérer la mise en place des CPTS et des assistants médicaux et démarrer les négociations conventionnelles à ce sujet au plus vite.


Source : lequotidiendumedecin.fr