Courrier des lecteurs

Mes salutations désenchantées à Madame la Sécu

Publié le 17/03/2017
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Dans un précédent courrier - je n’avais rien demandé -

Mes transports excessifs vous m’avez reproché.

Durant trois mois d’été, un peu ingénument

Vous m’avez proposé un « accompagnement »

Ensuite de faire le point, à trois mois écoulés

De mes transports, selon vous, inappropriés.

 

Dans une longue lettre, non coupable j’ai plaidé ;

Beaucoup de travail ceci m’a demandé…

Vous me fîtes part de votre grande surprise ;

L’humour, je le vois, n’est pas votre tasse de thé !

Offensée, avec de grands airs de marquise,

Un peu sèchement vous m’avez renvoyé

À mes écarts de langage que je dois surveiller…

S’il vous plaît ! Seules, les courbettes sont admises !

 

Pourquoi ne pas quitter vos précieux escarpins,

Et vos lambris dorés ?

Pourquoi ne pas venir un jour sur le terrain,

Les médecins consulter ?

Nous serons tous à vos petits soins !

Des p’tits soins pour vous,

Rien qu’pour vous, juré !

Les p’tis soins, après tout,

C’est not’spécialité,

À nous, médecins !

 

Veuillez trouver ci-joint un petit résumé

De notre histoire à nous, récemment publiée

Dans un grand quotidien, le 24 février dernier *

Allez, Madame, sur le Net, allez

Et répondez aux 30 commentaires

De mes 30 confrères

Contre leurs Caisses, il est vrai, très remontés !

Attention ! Danger ! Je vous préviens, ça défrise !

Vous risquez à nouveau d’être très, très surprise !

Leurs propos sont virulents, certains vitriolés !

Mon vocabulaire à côté vous paraîtra châtié !

 

Hélas ! Madame, hélas ! Je peux le constater :

À la Santé malade, qui chancelle, agonise,

À la colère qui gronde, de mes confrères excédés,

Vous préférez, Madame, les belles vocalises

De ceux qui nous gouvernent : nos hommes politiques.

En vos bureaux feutrés, tous pleins d’informatique,

Ils trouvent des serviteurs zélés, ces beaux parleurs !

Mission : l’ÉCONOMIE avant tout ! Sus aux délits statistiques !

Et les coups de pleuvoir, toujours sur les mêmes, les travailleurs !

 

C’est pourquoi, Madame, Je vous prie d’agréer

Au nom de mes amis généralistes, profession sinistrée,

Mes salutations respectueuses, mais désenchantées

Et les plus tristes… La liberté, c’est terminé ! Circulez…

Vous aussi, vous voulez réagir à l’actualité médicale ? Adressez-nous vos courriers accompagnés de vos nom, prénom et lieu d’exercice à redaction@legeneraliste.fr

* Le Quotidien du médecin, 24 février 2017 :   « Prescriptions de transports : convoqué par sa caisse, Un généraliste se rebelle  »

Dr Jacques Emile, Salies-du-Salat (Haute-Garonne)

Source : lequotidiendumedecin.fr