Je me souviens, j’avais 12 ans et, en cette année 1975, mon père venait de troquer 25 ans de médecine de ville contre un plein-temps hospitalier. C’était un généraliste de province comme on en fait sans doute plus : il finissait sa journée à pas d’heure et les dimanches de garde n’étaient pas rares au grand désappointement de sa progéniture… Mon premier contact avec la médecine générale remonte à cette époque lointaine rythmée par la sonnerie familière du téléphone, parfois jusqu’à des heures tardives. Il me confia plus tard que son départ, mûrement réfléchi, de la ville pour l’hôpital ne fut pas une transition si facile : il avait un peu perdu en contacts humains ce qu’il avait gagné en qualité de vie…
Grandeur et servitude d’une profession qui reste aujourd’hui encore pas comme les autres ! Même si les choses ont bien évolué depuis… Dans ce numéro anniversaire, nous nous efforçons d’en détailler le cours. 1975-2015 : en 40 ans, tout ou presque a changé en médecine générale. Pas forcément en mal d’ailleurs : on court moins pour les visites, on n’encourt plus les foudres de l’Ordre si on se désiste pour la garde. Désormais relié, informatisé et au centre du système de soins, le praticien travaille avec des moyens diagnostiques inimaginables autrefois. Sans parler de l’arsenal thérapeutique dont il dispose ! À ces changements, les généralistes ont pris une part active. Les victoires sur la mortalité cardio-vasculaire, c’est un peu vous ! Le dépistage précoce des cancers, encore vous ! L’accompagnement de la douleur ? Vous toujours. L’accession à la spécialité ? Une bataille qui vous revient…
Les praticiens sont-ils plus heureux pour autant ? Paradoxalement, ce n’est pas sûr, si l’on en juge par la rumeur montante. Comme si les contraintes du système avaient été plus vite que les progrès de la médecine et les acquis de la profession. Et comme si les évolutions sociétales rendaient moins admissibles les sujétions d’un métier parfois présenté comme un sacerdoce. Autant dire que la donne n’a pas fini de changer. Et c’est indispensable pour séduire les générations à venir. Aussi, plus qu’une rétrospective, ce numéro « 40 ans » se veut également spéculatif et prospectif. Rien n’est stable, tout est mouvant… Votre journal en sait quelque chose qui s’est adapté lui aussi : de tabloïd au format magazine, de bi-hebdo à hebdo avec, désormais, une déclinaison bi-média sur le net. Ces virages ont été pris avec vous, lecteurs. Et vous plaisent, si l’on en croit les dernières enquêtes d’audience. À tous, 40 fois merci !
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent