Les médecins peuvent-ils être des utilisateurs de réseaux sociaux comme les autres ? Quand leurs profils mélangent professionnel et personnel, ils ne peuvent pas faire n’importe quoi. C’est en tout cas l’opinion des médecins interrogés par le site Medscape pour une enquête*.
Celle-ci révèle que si la moitié des répondants est inscrite sur au moins un réseau social. Pour ceux qui n’y sont pas, le manque de confidentialité est un frein à 43 %, la peur d’être harcelée est aussi citée à 16 %. Facebook est le réseau social utilisé par 63 % des sondés, 58 % sont sur WhatsApp ou Telegram, 24 % sur Instagram et 13 % sur Twitter. Et si la plupart des utilisateurs de réseaux sociaux ont choisi d’y être présents seulement à titre personnel (64 %), 28 % ont choisi d’avoir deux profils distincts personnel et professionnel, 8 % ont un profil uniquement professionnel. Pour conserver cette frontière avec le travail, presque tous (94 %) indiquent ne pas suivre de patients sur les réseaux sociaux. Un généraliste de 54 ans confie ainsi « j’utilise un pseudo plutôt que mon nom pour éviter que les patients me contactent sur les réseaux sociaux personnels ».
Un médecin ne devrait pas dire ça
Malgré ces précautions, les médecins jugent à 17 % que les réseaux sociaux sont le lieu où leurs confrères se comportent le plus souvent de façon inappropriée. 13 % rapportent avoir été témoins de tels comportements au cours des cinq dernières années.
Qu'entendent-ils par comportements douteux ? La plupart du temps (64 %), il s’agit de commentaires généraux, viennent ensuite les commentaires sur les patients (26 %).
« Les comportements inappropriés sont surtout ceux qui sont contraires à la science et à l’éthique médicale vis-à-vis des patients. Par exemple, déformer des faits scientifiques ou dire des mensonges sur des sujets de santé sur les réseaux sociaux. Cela met en danger des patients et ternit la confiance de la population envers les médecins », témoigne une médecin.
Les comportements inappropriés les plus remontés par les personnes interrogées sont ceux envers des collègues avec des propos injurieux, le révisionnisme scientifique et le complotisme et les remarques sur les patients. Un généraliste relate ainsi « des propos de patients présentés comme comiques, avec une connotation méprisante ». Une autre évoque des « blagues à caractère raciste sur les réseaux sociaux ».
Outre les propos, un quart des médecins sondés considère qu’il est malvenu pour les praticiens de publier des photos d’eux consommant de la malbouffe, buvant de l’alcool ou fumant. Par ailleurs, même si deux tiers des répondants estiment que les médecins comprennent les règles de confidentialité médicale, 42 % considèrent qu’ils ne les prennent pas suffisamment au sérieux.
*Sondage en ligne entre le 27 octobre et le 17 décembre 2021 auprès de 1 077 médecins dont 23 % de généralistes.
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