Érigé en priorité par le ministère de la Santé et l'Assurance maladie, l'accès aux soins non programmés (SNP) est au cœur des débats depuis plusieurs mois. L'accord conventionnel interprofessionnel sur les CPTS signé en juin et le futur service d'accès aux soins (SAS) ont ainsi l'objectif commun que davantage de ces actes soient assumés par les médecins de ville afin de désengorger les urgences.
Dans les faits, les médecins de terrain n'ont pas attendu les décideurs pour se saisir du problème et prennent déjà en charge ces soins non programmés. Et ce, sans majoration pour l'heure, au grand dam des médecins.
Une enquête de l'URPS Île-de-France* publiée ce vendredi révèle ainsi que les généralistes franciliens réalisent en moyenne « 3 à 6 actes de soins non programmés par jour ».
7 médecins sur dix répondent à plus de la moitié des demandes
Et s'ils ne parviennent pas à satisfaire toutes les demandes, l'enquête note que les omnipraticiens exerçant dans la région « répondent à la majeure partie des demandes de soins non programmés ». 70 % des répondants affirment prendre en charge plus de la moitié des requêtes dans la journée. Au total, déjà 2,5 millions d'actes de soins non programmés seraient déjà pris en charge par les généralistes franciliens.
Selon cette enquête, plus d'un généraliste sur deux (54 %) reçoit chaque jour « plus de 6 demandes de consultations » sans rendez-vous. On apprend également que l'essentiel des praticiens (80 %) prennent en charge des « patients qu'ils ne suivent pas habituellement » dans les 24 heures. Un tiers des généralistes assure même en examiner « plus de trois par jour ». Pour ce faire, la profession adapte leur organisation. Un quart des médecins de famille francilien déclarent avoir encore des demi-journées ou des journées en accès libre (sans rendez-vous), les autres absorbant les demandes au fil de leurs consultations, en fin de matinée ou en fin de journée.
La moitié des demandes le matin
Par ailleurs, l'enquête montre que ces SNP concernent d'abord les enfants de moins de 2 ans (46 %) et en dernier lieu les personnes âgées de plus de 70 ans (9 %). Les maladies infectieuses sont le premier motif de consultation (89 %) cité par les médecins libéraux, loin devant les traumatismes et les troubles digestifs (47 % chacun). Pour la moitié des praticiens (55 %) les demandes sont « concentrées » le matin, entre 8 et 10 heures, une minorité (15 %) constatant « un pic » le soir, entre 18 et 20 heures.
46 % des Franciliens ont déjà renoncé à aller chez un généraliste
Malgré l'engagement de leurs généralistes, 46 % des Franciliens ont déjà dû renoncer à consulter un médecin de famille (deuxième taux le plus important, après les dentistes) selon le premier baromètre de la santé en Ile-de-France paru — hasard du calendrier — ce jeudi dans Le Parisien.
« Pour plus de 40 % d'entre eux, ce renoncement est lié aux délais d'attente pour rencontrer un professionnel de santé, explique le quotidien régional. Ils évoquent principalement le refus du médecin de prendre un nouveau patient, la difficulté à trouver un praticien disponible le soir ou le week-end et les délais pour un rendez-vous chez le spécialiste ».
* Étude confiée à l'URPS-ML Ile-de-France, qui a recueilli environ 1 200 réponses entre juillet et octobre 2019. Ce travail sera complété d'ici avril par « des enquêtes complémentaires auprès des pédiatres, des ORL et des cardiologues », ont annoncé l'URPS et l'ARS franciliennes dans un communiqué.
** Sondage réalisé entre le 25 octobre et le 8 novembre 2019 sur la base d'un échantillon de 1 102 personnes de 18 ans et plus, résidant en Ile-de-France et représentatives de la population (selon la méthode des quotas), interrogées par Internet.
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