Étrange réunion publique à l’Hôtel-Dieu. L’un des amphis de l’hôpital parisien « accueillait », lundi, une conférence de l’UFML (Union Française pour une Médecine Libre) organisée conjointement avec des membres de la CGT de l’établissement. Une rencontre vivement contestée par la direction du site qui a pointé, sous couvert d’une réunion syndicale, la tenue d’une conférence de presse. Ce qui, de l’avis des responsables de l’Hôtel-Dieu, n’est pas acceptable compte tenu de la neutralité s’imposant à l’établissement public. Malgré la protestation du directeur du site, venu en personne fustiger le procédé, et les quelques échanges houleux qui s’en sont suivis avec les organisateurs, les discussions se sont déroulées sans heurt.
Une succession de témoignages
Devant une salle plongée dans l’obscurité – l’éclairage étant coupé, une mesure de représailles de la part de l’administration d’après certains, des personnels de l’Hôtel-Dieu ont fait état de leur souffrance, liée notamment à la situation particulière de leur établissement. « La situation à l’hôpital est pire que celle au plus dur à France Télécoms », affirme une militante de la CGT. À ses yeux, elle ne défend pas tant une « corporation » que les « les valeurs humaines contre la logique de la finance, du capitalisme ». « On ne veut pas que la médecine soit dirigée par d’autres intérêts que ceux du soin », a renchéri Jérôme Marty, « on ne veut pas de la logique de marché ».
Orthophoniste, masseur-kinésithérapeute, dentiste, infirmier, opticien ou encore responsable d’une association de « petites mutuelles » ont successivement pris la parole. Des témoignages où le lien avec la souffrance au travail est apparu plus ou moins facilement… Du côté des médecins, Jérôme Marty a indiqué que 112 libéraux avaient mis fin à leurs jours depuis le début 2016. Et le généraliste toulousain d’avancer le chiffre de 150 avant la fin de l’année…
« Ce type de conférence est fait pour alerter, pour mettre au courant sur la réalité », a-t-il insisté. Considérant que « cette souffrance est intimement liée à la gouvernance », il entend soumettre quatre pistes de réforme aux candidats à la présidentielle.
Réformer la gouvernance et le financement du système
« Avoir la même capacité décisionnelle les uns les autres. » Pour Jérôme Marty, il est fondamental que les soignants et les patients puissent eux aussi participer à la prise de décision, au côté des institutions et administrations. « La direction, l’orientation, l’organisation du soin ne peut plus dépendre du seul pouvoir administratif, mais d’une démocratie sanitaire incluant les soignants », explique l’UFML pour qui chaque partie (administratifs, soignants et usagers) doit disposer d’un « droit d’opposition ». Valable au niveau des ARS, ce schéma tripartite laisse place à une direction « bicéphale » au niveau des hôpitaux, publics et privés, avec les représentants de l’administration et ceux des soignants.
Autre sujet abordé par l’UFML : le financement. « Il faut borner la participation financière des acteurs privés dans le système », décrypte Jérôme Marty. Quant au budget de la santé, le généraliste plaide pour une « sortie de l’enveloppe tarifaire de l’Ondam ». « On nous culpabilise en nous disant qu’on sort du cadre d’une enveloppe taillée de façon trop petite », justifie-t-il. « Les professionnels de santé ne peuvent continuer à évoluer dans un système qui lie la hauteur des tarifs des actes à l’état économique du pays », conclut le président de l’UFML.
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