Le Généraliste Les Maisons de Santé Pluridisciplinaires… Tous les candidats en veulent davantage. Est-ce bon signe ?
Pascal Gendry Bien sûr, c'est bon signe si le concept se retrouve dans les plateformes politiques. Ça ne veut pas dire que ce soit devenu pour autant l'alpha et l'omega de l'offre de soins, mais cela signifie déjà que c'est important aux yeux des décideurs et que cela compte pour améliorer l'offre de soins. Je rattache cet engouement au fait que de plus en plus d'élus sont confrontés à la création ou à la conception de MSP dans leur secteur et qu'il y a donc, désormais, une appropriation du modèle par les politiques. Ils savent que de nombreux professionnels sont demandeurs, notamment les jeunes. Et puis on a compris aussi que le concept répond à d'autres préoccupations, de santé publique par exemple, car de vrais programmes de prévention se montent à partir de MSP.
Emmanuel Macron promet ainsi de doubler le nombre de ces structures. Est-ce envisageable ? Cela signifie-t-il que demain, au-delà des déserts médicaux, la MSP va devenir la structure de soins de référence ?
P.G. Doubler ? Pourquoi pas ? Mais si c'était tripler, ce serait très bien aussi ! La Maison de santé ne se décrète pas. À la FFMPS, on ne poursuit pas d'objectifs chiffrés. Et puis on pense qu'il est important aussi de soutenir celles qui existent déjà… Cela dit, il est clair que plus on sera nombreux, mieux ce sera. Pour nous, c'est effectivement l'élément structurant des soins primaires. C'est peut-être plus facile de rassembler les professionnels en zones rurales, mais il existe des MSP en zones urbaines, y compris à Paris. Le patient de ville a autant besoin d'un travail collaboratif autour de lui que celui des zones rurales. Les besoins se ressemblent. Avec ce type de structure, on est en train de passer de la notion de médecin traitant à celle d'équipes traitantes.
Mais il y a encore des réticences à l'égard de ce modèle chez les médecins et chez les paramédicaux…
P.G. C'est vrai ; cela suscite encore de l'incompréhension et de la peur. Certains, notamment chez les paramédicaux, craignant pour leur indépendance et l'autonomie de l'exercice. Mais j'observe que ceux qui y ont goûté n'ont pas du tout la même perception…
Quels sont les problèmes que rencontrent les maisons et pôles de santé aujourd’hui ?
P.G. La structuration des MSP n'est pas finie. Les fonctions de coordination n'y sont pas assez développées. Et le renouvellement des leaders n'est pas toujours facile à assurer. Ajoutons que les systèmes d'information partagés ne sont pas au maximum de leur capacité.
Justement, où en est-on de la renégociation des nouveaux modes de rémunération (NMR) qui permettent de financer ces structures ?
P.G. La renégociation du règlement arbitral qui régit le secteur a commencé depuis trois semaines. Nous espérons qu'ainsi le dispositif passe dans le domaine conventionnel, ce qui le rendrait à la fois plus pérenne et plus évolutif. On aimerait à cette occasion bénéficier de fonds supplémentaires car le niveau de ressources alloué aux équipes est insuffisant. Notamment pour les systèmes d'information et pour la fonction de coordination actuellement assurée avec un temps moyen d'un jour par semaine… pour 15 professionnels ! Et puis il y a aussi un enjeu d'accompagnement et de simplification du système. À ce jour, seule la moitié des MSP bénéficie des NMR. Si certaines ne sont pas candidates - car elles entendrent préserver ainsi leur indépendance - d'autres se sont abstenues car elles ont trouvé le dispositif trop contraignant. N'étant pas négociateurs, nous avons fait part de nos attentes à la Cnamts et aux syndicats. On espère qu'ils pourront s'entendre rapidement.
Les centres de santé salariés aussi ont le vent en poupe… Pour vous, sont-ils complémentaires ou concurrents des MSP ?
P.G. Ce qui nous différencie par rapport aux centres de santé, c'est qu'il y a dans les MSP une volonté d'entreprendre et une dynamique et une méthode que les médecins choisissent. À la FFMPS, nous sommes une fédération de professionnels de santé libéraux, donc on privilégie une organisation libérale. Pour autant, clairement, pour nous, MSP et centres de santé sont complémentaires. Dans l'un et l'autre cas, le but est le même - le développement d'équipes de soins primaires - même si les moyens pour y arriver ne sont pas identiques. Entre nos deux fédérations, les échanges sont d'ailleurs réguliers.
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