Longtemps boudés par les pouvoirs publics, les centres de santé ont désormais le vent en poupe ! Il y a encore quelques années, il était impensable d’en ouvrir un, quelques uns étaient même fermés. Depuis que le maire de La Ferté-Bernard (Sarthe), Jean-Charles Grelier (UMP), a créé le sien en salariant deux généralistes en 2011, le phénomène fait tâche d’huile (voir Le Généraliste n°2622). Et l’ouverture, lundi, du dernier-né à Domats (Yonne) avec deux généralistes salariés confirme que l’effet « boule de neige » continue.
Au-delà des élus locaux séduits par cette réponse à la désertification médicale, le gouvernement semble aussi s’y intéresser. à commencer par Marisol Touraine présente au 53e Congrès national des centres de santé qui s’est tenu les 3 et 4 octobre à Paris. Cela faisait plus de vingt ans qu’un ministre n’avait pas fait le déplacement ! C’est dire si sa présence a été vue par beaucoup comme un signe d’encouragement. La ministre semble désormais faire de ces centres un exemple à suivre pour sa « Stratégie Nationale de Santé ».
Il y a quelques mois déjà, elle avait commandé un rapport à l’IGAS sur les centres de santé. Bien accueilli parmi les professionnels de santé de ces établissements, ce rapport insistait sur leur rôle particulier dans le domaine de l’accès aux soins et les prenait en exemple en matière de prévention et d’interprofessionnalité. Trois domaines dans lesquels la ministre les a qualifié la semaine dernière de « précurseurs » et de
« pionniers », exprimant en conséquence sa volonté de « conforter » leur place.
Reconnaissance insuffisante
Pour cela, les responsables du secteur demandent davantage de reconnaissance sur le plan conventionnel. C’est la revendication majeure de l’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé (USMCS). Pour son président, le Dr Eric May, les centres de santé devraient ainsi pouvoir participer aux négociations au même titre que les libéraux et avoir leur propre Convention. L’idée fait son chemin chez les politiques. Et déjà quelques petits changements sont en marche. L’USMCS sera, d’ailleurs, convié aux prochaines discussions conventionnelles sur l’interprofessionnalité. Pour rémunérer le travail en équipe, les centres de santé seront également inclus dans les 150 nouvelles expérimentations de nouveaux modes de rémunération (ENMR) prévues dans le PLFSS 2014 au même titre que les maisons de santé. Sur l’enseignement et la recherche, les liens avec les universités seront renforcés pour accueillir des étudiants en stage et développer les terrains de recherche en soins primaires.
Le ministère n’est pas le seul à regarder du côté des centres de santé. Catherine Lemorton, présidente de la commission des Affaires sociales à l’Assemblée n’est pas loin, elle aussi, de préconiser pour eux un régime de faveur. Plaidant pour un rééquilibrage entre maisons de santé et centres de santé, elle estime, concernant ces derniers, que « leur engagement n'est pas financé à la hauteur de ce qui devrait l'être ».
Mais des efforts restent à faire du côté des ARS et de certaines préfectures. Le maire de Connerré (Sarthe), Christophe Chaudun (PS), qui a ouvert un centre de santé il y a un an, en a fait les frais : « Nous avons eu de gros soucis pour les contrats de travail avec la préfecture et il a fallu aller au charbon. Cela n’a pas toujours été simple ».
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