Le député Véran défend son forfait urgences et dénonce « le côté réac » de ses opposants

Par
Publié le 23/10/2018
Véran Assemblée

Véran Assemblée
Crédit photo : Garo/Phanie

Avant d'entamer une semaine marathon au Palais Bourbon pour l'examen en séance publique du budget de la Sécu 2019, le député de l'Isère et neurologue Olivier Véran (La République en Marche) a fait un tour de chauffe, ce mardi matin, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS). Devant la presse, il a défendu avec détermination un amendement controversé, adopté la semaine dernière en commission des affaires sociales. Pour désengorger les urgences, le parlementaire propose en effet qu'un forfait de réorientation pouvant aller jusqu'à 60 euros. Celui-ci serait versé aux services d’urgence pour chaque patient qui seraient redirigés vers un médecin de ville lorsque leur état de santé ne nécessite pas une consultation urgente.

Résistances

Dès l'annonce de sa proposition, le rapporteur du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à l'Assemblée a fait l'objet de nombreuses critiques, parfois virulentes. « Un confrère m'a écrit pour me dire que j'ai été bercé trop près du mur et je vous passe les injures », déplore Olivier Véran. Le député isérois regrette « les résistances du milieu de la santé » lorsqu'il s'agit d'engager des réformes. Le neurologue va même plus loin et dénonce « le côté parfois réac » des acteurs de la santé.

Le député veut rassurer les médecins sceptiques. « Ma proposition est iconoclaste mais le système de financement des urgences est totalement contre-intuitif. On est le seul pays du monde à financer les urgences à l'activité », dénonce-t-il. Le médecin hospitalier affirme qu'il s'est inspiré du terrain pour construire ce projet de loi.

À l'hôpital de Poissy, notamment, où les urgences pédiatriques ont été soulagées grâce à la création d'une maison médicale de garde (MMG) dans les murs de l'établissement. La première année, plus de 10 % de réorientations ont été enregistrées mais la deuxième, l'assurance maladie a mis le holà et a refusé de payer à la fois les forfaits d'admissions aux urgences (une centaine d'euros) et les consultations dans la MMG, ce qui a entraîné une perte de 400 000 euros pour l'hôpital.  

Vers une expérimentation ?

Grâce au forfait évalué par le député entre 40 et 60 euros, Olivier Véran estime que la perte de l'hôpital sera « beaucoup plus soutenable ». Le député a également tenu à répondre aux inquiétudes de certains sur la responsabilité du professionnel qui réoriente le patient à son arrivée à l'hôpital. Le médecin des urgences sera chargé de déterminer si le patient relève ou non des urgences et de réorienter vers un rendez-vous en ville.

Lors des débats en commission, le Dr Véran avait également évoqué de confier cette réorientation à une infirmière. « Uniquement sur la base de protocoles et dans certains cas, répond-il. Un patient qui arrive pour un renouvellement d'ordonnance par exemple. N'allez pas croire une seconde que les urgences vont réorienter des patients qui ont une douleur thoracique et leur dire " vous irez voir votre médecin demain " »

Le PLFSS sera examiné par les parlementaires dans la semaine et doit faire l'objet d'un vote solennel mardi 30 octobre. Les débats promettent d'être animés. Le député Véran n'écarte pas la possibilité de faire quelques compromis : « Si ma proposition suscite des broncas et qu'il faut y passer 3 heures, je proposerais peut-être une formulation différente avec une expérimentation pour commencer. Toutes les options sont sur la table. »


Source : lequotidiendumedecin.fr