Avec plus de 430 000 personnes touchées en 2023, la fréquence des cancers dans l’Hexagone a doublé depuis trente ans. En dépit d’une organisation structurée de l’offre de soins en cancérologie depuis une vingtaine d’années (autorisations, évaluation des pratiques à travers les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), etc.), « il existe des difficultés et des inégalités territoriales de prise en charge tout au long du parcours de soins », déplore l’Académie de médecine dans un rapport sur l’offre de soins en oncologie adulte (qui comprend la prévention, la prise en charge initiale et lors d’une récidive, la surveillance et le rétablissement, ou l’accompagnement vers les soins palliatifs). En dépit des avancées considérables dans les traitements (chirurgie robotisée, traitements ciblés et immunothérapie, soins de support), « l’état de la prise en charge diagnostique et thérapeutique ne semble pas homogène sur le territoire, de même que l’accès aux pratiques innovantes », ajoute l’Académie.
Plusieurs propositions sont avancées. Pour éviter les errances diagnostiques, les risques d’abandon ou même de refus de soins, l’Académie recommande la création, sous le contrôle des agences régionales de santé (ARS), de « parcours territoriaux de soins équilibrés » avec « un engagement opposable » des centres de recours vers les centres de proximité. De fait, pour les patients et aidants, les parcours restent « complexes à appréhender » et doivent donc être structurés à l’échelle régionale en tenant compte des particularités sociales et géographiques. Une manière aussi d’optimiser les RCP mises en place dès le premier Plan cancer (2003 – 2007). Des RCP « plus transversales, interétablissement, pourraient être plus performantes évitant des décisions monolithiques propres à chaque établissement », juge le rapport. Cette transversalité faciliterait l’accès aux techniques innovantes et aux protocoles de recherche clinique.
À l’échelon national, l’Académie milite pour un ciblage plus précis des politiques de prévention, « trop généralistes, insuffisamment financées et peu évaluées ». Par exemple, malgré la mobilisation dans le cadre d’Octobre Rose, il n’a été noté aucune augmentation du nombre de mammographies de dépistage, tacle l’Académie. Sans doute aurait-il été préférable de mieux identifier les femmes non dépistées pour les sensibiliser, peut-on lire. Les auteurs estiment que les politiques de prévention devraient couvrir un champ individuel pour des risques spécifiques (prédispositions) et collectif pour des risques environnementaux (tabac, alcool, alimentation, sédentarité ou encore exposome).
Homogénéisation tarifaire
Pour améliorer le diagnostic initial, l’Académie prône également une « interaction maximale entre anatomopathologie et biologie moléculaire », avec des comptes rendus unifiés et standardisés. Il conviendrait aussi de remplacer les tests moléculaires sur un seul gène (PCR) par des tests sur des groupes de gènes par les nouvelles techniques de séquençage (NGS). Une prise en charge des tests moléculaires, « indispensable dans le cadre du droit commun » (c’est-à-dire hors référentiel des actes innovants hors nomenclature – RIHN), « doit être rapidement mise en place » avec des mesures sur les groupes homogènes de séjours (GHS) hospitaliers pour permettre une égalité de traitement entre le public, le public non lucratif et le secteur privé.
Dans la même veine, le rapport milite pour une « homogénéisation tarifaire » entre les acteurs publics et privés et ne fragilisant pas les traitements locorégionaux des cancers. Sont ici concernées les chirurgies pour lesquelles des seuils d’activité et une gradation de soins ont été définis (comme la chirurgie mammaire, urologique, gynécologique ou thoracique), la radiothérapie où une forfaitisation tarifaire par traitement, identique entre le public et le privé est en cours de mise en place.
Enfin, une politique nationale d’incitation vers les métiers de la cancérologie serait bienvenue, avec « une qualification spécifique des chirurgiens oncologues et une amélioration des parcours professionnels pour les personnels paramédicaux ».
« Mon cabinet Grand Est », trait d’union entre générations de médecins pour faciliter l’installation en libéral
Dr Agathe Scemama : « Je ne peux presque plus me passer de l’IA vocale »
Quand l’IA vocale assiste les médecins
Mayotte : SOS Médecins envoie une première salve de volontaires et quatre tonnes de matériel