Un ancien médecin ORL de 69 ans a été condamné jeudi 10 avril par le tribunal correctionnel de Pau à quatre ans de prison ferme pour des agressions sexuelles commises sur sept patients, dont deux mineurs, entre 2019 et 2022. « L'examen médical était un prétexte, ce sont des irruptions de la sexualité dans un moment qui est tout sauf sexuel », face à des patients « en état de sidération », a décrit la procureure Orlane Yaouanq qui avait requis six ans d'emprisonnement ferme.
La peine étant assortie d'un mandat de dépôt, le médecin retraité est parti en détention à l'issue de l'audience. Il devra aussi verser plus de 10 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral aux parties civiles. Les plaignants, pour la plupart des jeunes hommes, ont décrit des palpations de testicules et du sexe, voire des masturbations, subies pendant des examens de ce médecin spécialisé dans les troubles du nez, de la gorge et des oreilles, installé à Pau en 1986.
19 plaintes au total, dont 12 prescrites
Dans ce dossier, lancé en 2022 à la suite du dépôt de plainte d'un adolescent de 14 ans, figurent en réalité 19 plaintes, dont 12 prescrites, décrivant des « gestes à caractère sexuel répétés », dès 1989. Dans une pièce réservée aux tests auditifs et insonorisée, des plaignants racontent notamment s'être fait baisser leur caleçon par le praticien, à des fins de « palpation de l'aine ».
Une pratique « pas habituelle chez la plupart de mes confrères ORL », reconnaît le médecin, mais réalisée par « crainte de passer à côté d'un diagnostic » de lymphome, selon lui. S'il conteste formellement tout « geste sexualisé » ou « abusif », il concède a minima des « lacunes de communication et d'explication » sur ses gestes et avoir pu « effleurer » les parties intimes de ses patients. « Je suis tétanisé, je comprends que c'est bizarre, je suis très très mal à l'aise », commente un des jeunes hommes à la barre, en racontant la scène.
Le médecin, parti à la retraite après les premières plaintes, a répété à chaque témoignage sa « surprise » quant aux déclarations. Il a aussi exprimé « sa compassion » pour ce que les victimes « ont cru avoir vécu ». Son avocat, Christian Saint-Palais, qui avait plaidé la relaxe, a regretté « l'abîme qui sépare » la position de son client « à l'impression laissée par cette audience » de huit heures. Il a dépeint une « démarche médicale à ce point étrange » qu'elle a pu « générer des paroles qui peuvent ne pas être tout à fait conformes à la réalité ».
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