L'ancienne députée LREM du Bas-Rhin et figure des antivax et antimasques, la Dr Martine Wonner, était convoquée ce vendredi 4 novembre devant la chambre disciplinaire du conseil régional de l'Ordre des médecins à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
La convocation de cette psychiatre de formation devant la chambre disciplinaire de première instance fait suite à deux plaintes, l'une déposée par le collectif de médecins No Fake Med et l'autre par l'Ordre des médecins (Cnom). Selon l'AFP, l'Ordre des médecins a porté plainte contre Martine Wonner après les propos qu'elle avait tenus dans le documentaire « Hold-up », diffusé en mai 2021. Les sanctions encourues vont de l'avertissement jusqu'à la radiation. La décision a été mise en délibéré au 25 novembre.
Lors de l'audience, les plaignants ont affirmé que la Dr Wonner avait fait la promotion d' « informations erronées » et avait diffusé des « protocoles de soins » contre le Covid « sans fondement scientifique », notamment l'ivermectine ou l'hydroxychloroquine, sur son compte Twitter où elle se présente comme psychiatre.
Manquements au Code de déontologie
Ils ont soutenu que l'immunité parlementaire ne s'appliquait pas pour les propos tenus par l'ex-députée en dehors de l'hémicycle, car elle « utilisait sa qualité de médecin pour exprimer ses opinions », notamment lorsqu'elle se rendait à des rassemblements dénonçant le port du masque, ou qu'elle soutenait que les tests PCR donnaient de faux résultats. Des « manquements au code de la déontologie » médicale, selon les plaignants. « Un médecin doit s'abstenir de diffuser des informations fausses, de nature à inquiéter », a plaidé Me Jean-François Segard, conseil du collectif NoFakeMed.
La défense a elle soutenu que Martine Wonner s'exprimait bien comme députée, et non comme médecin, car elle n'exerçait plus son activité médicale depuis son élection en 2017, bien qu'encore inscrite au Conseil départemental de l'Ordre des médecins du Bas-Rhin. « En tant que parlementaire, 24 heures sur 24 j'étais là pour défendre les libertés », a insisté Martine Wonner. Celle-ci a affirmé qu'elle n'était médecin que dans sa « vie privée » et que son objectif en tant qu'élue était de « permettre qu'il y ait un débat » sur la politique du gouvernement pour lutter contre le Covid. « Mme Wonner n'a pas soigné ni travaillé avec une patientèle » lors de son mandat, de 2017 à 2022, a aussi souligné son avocat, Me Carlo Alberto Brusa.
Comité de soutien
Selon le quotidien régional « Dernières Nouvelles d'Alsace », 200 personnes étaient rassemblées ce matin devant la chambre disciplinaire régionale de l'Ordre pour soutenir l'ex-députée, à qui une « haie d'honneur » a été dressée. Sur Twitter, plusieurs vidéos circulaient également, montrant une foule amassée avec des banderoles. Un comité de soutien avait appelé au rassemblement avant l'audience de ce 4 novembre.
Figure des covido-sceptiques, Martine Wonner a de nombreuses fois attaqué la politique gouvernementale lorsqu'elle était élue. Selon l'ancienne parlementaire, le masque ne servait « strictement à rien ». Surtout, elle avait diffusé de fausses informations sur les vaccins, imputant à ces derniers des « conséquences délétères » sur la santé, comme des « fausses couches », des « cancers multiples », la « maladie de Creutzfeld Jacob » ou « le sida ».
Élue en 2017 sous la bannière « En Marche », le groupe de la majorité l'avait exclue après son vote contre le plan de déconfinement en mai 2020. Puis son nouveau groupe parlementaire, Libertés et Territoires (rassemblant des députés de centre gauche et de centre droit), avait aussi demandé son exclusion en juillet 2021 après des propos appelant les manifestants anti-passe sanitaire à « envahir » les permanences des parlementaires.
Martine Wonner a ensuite lancé sa propre formation en septembre 2021, « Ensemble pour les libertés ». Elle n'a pas été réélue en juin 2022 dans sa circonscription du Bas-Rhin, remportant à peine plus de 5 % des suffrages au premier tour.
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