L'Union nationale des professions libérales (UNAPL) apporte sa pierre à l'édifice du grand débat national. La structure, qui regroupe 67 syndicats et associations représentant les professions libérales (santé, droit, assurances, etc.) a recueilli plus de 2 500 contributions sur une plateforme mise en ligne du 1er au 18 février.
Les professions libérales ont donc des revendications, et pour cause : « Nous sommes très concernés par les problématiques qui ont mené au grand débat, il y a sur les ronds-points [de Gilets jaunes, NDLR] des professions libérales, et certains sont même des leaders », souligne le Dr Michel Chassang, ex-président de l'UNAPL, désormais président d'honneur. En plus des contributions écrites, les professionnels libéraux étaient interrogés à travers deux études (l'une quantitative et l'autre qualitative) menées avec Harris Interactive.
Premier mécontentement : « une pression fiscale jugée excessive, avec des charges sociales élevées, et des démarches administratives trop lourdes qui prennent du temps », explique l'institut de sondage.
Une protection sociale précaire
Autre préoccupation majeure des professions libérales : la protection sociale, et plus précisément les arrêts maladie et les congés maternité. 96 % des sondés estiment que des améliorations sont prioritaires sur ce point.
Les femmes médecins libérales sont un peu mieux loties que les autres de la création en 2017 de l'avantage supplémentaire maternité (ASM), qui garantit, pour un temps plein, une indemnité forfaitaire de 3 100 euros (si secteur I ou OPTAM) ou de 2 066 euros pour une médecin de secteur II. Le congé paternité est lui de 1 116 euros en tarifs opposables ou maîtrisés et de 744 euros en secteur II.
Les arrêts maladie des médecins libéraux ne sont en revanche pris en charge qu'à partir du 90e jour d'arrêt par la Caisse autonome de retraite des médecins (CARMF). Pour une prise en charge plus précoce, le médecin devra prescrire un contrat de prévoyance.
Lisser la fracture géographique
Le développement du numérique doit aussi pouvoir aider à la simplification des démarches administratives, à condition que la fracture numérique se réduise. Elle gêne actuellement 45 % des professions libérales sondées par l'UNAPL.
62 % des sondés se sentent concernés par la dévitalisation des centres-villes. Le problème des déserts médicaux est également soulevé. Certains prônent le recours au volontariat des médecins retraités, encouragés « au moins » par un doublement du plafond de la CARMF, d'autres l'incitation via des abattements fiscaux. Des professionnels (probablement non-médecins) proposent une obligation d'installation pour les jeunes médecins de « un à trois ans dans une ville sous-dotée dans leur spécialité », éventuellement assortie d'une aide (local offert, matériel, mensualité).
Plus de flexibilité
Les professions libérales réclament plus de flexibilité afin de mieux entreprendre. Exemple : en ayant la possibilité de cumuler emploi et retraite, pratique peu encouragée voire pénalisée actuellement avec des cotisations jugées « excessives et non incitatives » par les professionnels interrogés. Au 1er janvier 2018, quelque 12 000 médecins libéraux étaient séduits par le cumul emploi retraite, indiquait récemment la DREES (ministère).
Cette flexibilité est aussi demandée au niveau du droit du travail, afin de faciliter les embauches de personnels.
L'inconnue de la réforme des retraites
La retraite est également un sujet qui plonge les libéraux dans la confusion. Pour 50 % des sondés, le passage à un système de retraite universel, dans le cadre de la réforme du gouvernement, est une mesure prioritaire. « Cette demande est motivée par l'espoir d'une retraite plus importante, alors que les cotisations apparaissent comme lourdes et les pensions insatisfaisantes », indique le Dr Michel Chassang. Mais, de façon assez contradictoire, les trois quarts jugent dans le même temps qu'il serait opportun de conserver les régimes complémentaires existants.
Ce second point fait écho à une demande de certains représentants des médecins libéraux. Ainsi la FMF et l'UFML plaident-ils pour que la CARMF ne disparaisse pas dans le cadre de la réforme (et avec elle ses sept milliards d'euros de réserve).
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