Créer dans les déserts de nouvelles zones franches sans taxes ni impôts réservées aux médecins pour mieux les attirer dans ces territoires en souffrance ? Selon France Info, l'idée aurait été évoquée par le Premier ministre Édouard Philippe « à un parlementaire très influent » et pourrait s'inscrire dans le projet de loi de santé, discuté dans les prochaines semaines en première lecture au Sénat.
Cette mesure suscite l'intérêt des médecins libéraux tout en les divisant. Le SML, qui réclame « de longue date l’instauration de ces mesures de défiscalisation », encourage ainsi le Premier ministre à passer à l'action. « De telles mesures seront attractives pour les nouveaux installés qui y verront un moyen de consolidation économique de leur activité libérale. Ce serait aussi un extraordinaire levier pour redéployer vers les zones les plus médicalement dépourvues, des médecins déjà installés dans des zones plus denses », estime le syndicat. Un « 0 % d'impôts et de taxes » pourrait ainsi enclencher « la reconquête des territoires », à condition de ne pas oublier les médecins retraités actifs du dispositif.
Déjà évoquée par Juppé
L’UFML-Syndicat, de son côté, rappelle que les déserts médicaux et les zones en voie de désertification sont en fait… partout. « La France ne peut être une zone franche ! Face à une belle idée, méfions-nous d’un gros effet d’annonce pour une petite et hypothétique application », tweete le président de la structure, le Dr Jérôme Marty.
Pour le syndicat de jeunes généralistes (remplaçants et installés) ReAGJIR, l'idée peut être « séduisante » mais elle s'éloigne de l'enquête publiée par l'Ordre sur les déterminants à l'installation chez les jeunes médecins. « Les aides financières sont considérées comme peu déterminantes pour 48 % des internes et 47 % des remplaçants. Chez les installés, 69 % les considèrent comme sans influence. C'est la qualité des services publics et la proximité familiale qui ressortent comme déterminants majeurs », tempère le Dr Yannick Schmitt, président du regroupement.
Le principe de zones franches en milieu rural n'est pas nouveau. Alain Juppé l'avait intégrée dans son plan en 1995 pour lutter contre la fracture sociale puis, deux décennies plus tard, dans son programme pour l'élection présidentielle 2017. L'ancien maire de Bordeaux voulait « mettre le paquet » sur le déploiement du très haut débit dans les campagnes, et lutter contre les déserts médicaux en permettant aux médecins « d'exercer collectivement leur boulot ».
Démenti de Matignon
Pour ou contre, cette idée pourrait bien faire pschitt : contacté par « le Quotidien », Matignon a assuré que cette mesure n'est « pas discutée ni envisagée » pour le moment.
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