Les frères ennemis de la médecine générale ont célébré samedi dernier, chacun à leur façon, les trente ans de leur syndicat. Ambiance festive, mais aussi revendicative, au même moment et à quelques centaines de mêtres d’intervalle dans le quartier Gare de Lyon-Bercy.
Une façon, sans doute involontaire, de souligner qu’entre l’UNOF et MG France les origines sont communes puisqu’en 1984 les fidèles à la CSMF créeront l’Union Nationale des Omnipraticiens Français, quand les contestataires s’en iront fonder le MAG (Mouvement d’Action des Généralistes) instaurant pour la première fois une logique syndicale autonome à la médecine générale.
Comme l’a fait remarquer Luc Duquesnel, trois décennnies après sa fondation « l’UNOF a toujours su garder ses valeurs, son ADN ». Une philosophie que l’actuel président de l’UNOF résume en trois piliers : « une médecine générale libérale et sociale », un « cadre conventionnel national unique dans lequel tous les médecins libéraux, toutes les formes d’exercice et toutes les spécialités se retrouvent » et « un ancrage dans la société » où ce syndicat n’est « pas seulement un interlocuteur incontournable, mais aussi l’enceinte d’un débat permament ». L’occasion aussi pour Luc Duquesnel de rappeler que l’UNOF, principal bataillon de la CSMF, ne se vit qu’à l’intérieur de celle-ci : « C’est une richesse, a-t-il dit devant trois (Jean Duguet, Michel Combier, Michel Chassang) de ses quatre prédécesseurs, car, même s’il peut paraître plus aisé de défendre de façon autarcique des intérêts monodisciplinaires, seule une réflexion pluridiscipliniare respectant le rôle de chaque spécialité permet de parvenir à un parcours de soins performant. »
L’Unof tourné vers le futur
En homme d’action, Luc Duquesnel préfère pourtant se tourner vers le futur que vers le passé. L’anniversaire de l’UNOF au musée des Arts forains a été l’occasion de tables rondes internationales au cours desquelles il a été aisé de se rendre compte que nos voisins généralistes allemands par exemple gagnaient (beaucoup) mieux leur vie que leurs confrères de l’hexagone. Et, de fait, selon Luc Duquesnel, pour la médecine générale française, dix ans après la bataille de 2002, « l’état des lieux est sinistre » : « Il n’y a pas une semaine sans que les contours du métier de médecin généraliste subissent les coups de butoir de ce gouvernement ». Et de saisir l’occasion pour appeler les généralistes à la mobilisation à la fin de l’année : « C’est cette semaine de fermeture des cabinets médicaux qui créera le rapport de force nécessaire à l’obtention de réponses concrètes à l’exaspération des médecins généralistes libéraux ».
Les piques de Claude Leicher
A MG France, c’est son président, Claude Leicher, qui a ouvert l’anniverssaire du MAG devant une centaine de personnes, pour la plupart des représentants des délégations départementales qui venaient d’assister à l’Assemblée générale annuelle du syndicat. Après avoir rendu hommage à l’équipe de l’Aveyron à l’origine de « l’appel des 10 » en 1984, le Dr Leicher n’a pas pu s’empêcher de « saluer » ses confrères de l’Unof, qui étaient non loin de là, balançant au passage que « 30 ans après, ils n’ont toujours pas compris qu’il fallait que les généralistes prennent leur autonomie ». Présente pour l’occasion, l’ancienne présidente du MAG (qui allait devenir MG deux ans plus tard), Nicole Renaud, a reconnu que beaucoup d’avancées ont eu lieu pour la médecine générale depuis 1984, regrettant cependant « qu’il y ait encore beaucoup à faire. Quand j’écoute les médecins aujourd’hui, je me rends compte qu’ils disent la même chose que nous il y a 30 ans ». Avant de lancer à son auditoire : « Résistez ! Vous réussirez car vous avez le sens de la fête ! »
Parmi les anciens présidents du syndicat, seul son fondateur, Richard Bouton, avait fait le déplacement. Très applaudi, ce dernier a formulé ce conseil aux généralistes : « Il ne faut pas oublier l’histoire, quand on sait d’où l’on vient, le chemin est plus facile ». Enfin, Didier Tabuteau, ancien directeur adjoint au cabinet de Claude Evin, ministre de la Santé en 1987, quand MG France obtint sa représentativité, a souligné le caractère « émouvant » et « touchant » de cet anniversaire. « Vous avez la responsabilité de participer à la construction du système de santé », a-t-il conclu.
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique