Dans la nuit du 25 au 26 septembre, un important incendie se déclarait dans l'usine "Lubrizol" de Rouen, classée Seveso. Quelques jours après l'incident, la population rouennaise s'inquiète pour sa santé et les médecins de famille sont aux premières loges pour répondre à leurs interrogations. D'autant plus qu'ils attendent toujours de connaître précisément la nature précise des hydrocarbures qui ont brûlé. Interrogé par Le Généraliste, le Dr Benoît Cottrelle, médecin de santé publique et responsable du pôle Veille et sécurité sanitaire de l’ARS Normandie, écarte toute toxicité aiguë et invite les médecins à rassurer leurs patients.
Le Généraliste : Quelle est la conduite à tenir pour un médecin qui se trouve dans la zone et qui reçoit un patient inquiet en consultation ?
Dr Benoît Cottrelle. Au niveau de l’impact sanitaire, il faut rassurer les patients sur l’absence de toxicité aiguë. Il y a eu une première phase de gestion de cet événement, que nous appelons "phase réflexe". Celle-ci consistait à mettre à l’abri les personnes, notamment les plus fragiles. Nous nous trouvons désormais dans une phase d’analyse. Les premiers éléments montrent qu’il n’y a pas de composés toxiques à court terme. Il faut désormais affiner les analyses*, notamment en fonction de la connaissance des produits qui ont brûlé pendant l’incendie. Nous pourrons communiquer auprès de la population ces nouveaux résultats lorsqu’ils seront finalisés, en espérant pouvoir confirmer qu’il n’y a pas d’effet à plus long terme. Nous tiendrons bien sûr les professionnels de santé informés régulièrement et nous invitons les généralistes qui constateraient des situations anormales voire inquiétantes à alerter l’ARS par les moyens de communication habituels.
Quelles sont les conséquences immédiates sur la santé des habitants ?
Dr B. C. On observe peu d’hospitalisations. Il y a eu quelques passages aux urgences, quelques hospitalisations chez des personnes fragiles qui avaient déjà des pathologies respiratoires par précaution. Il n’y a aucun cas grave. Par contre, actuellement, il reste encore à Rouen une odeur très dérangeante qui provoque des nausées, des maux de tête, des irritations. Ceci est dû à la nappe d’hydrocarbure qui persiste au niveau du site de l’usine. Pour cela, il n’y a pas de traitement spécifique. Nous comprenons qu’il puisse y avoir du mécontentement et une inquiétude sur ce point-là mais il faut rassurer car il n’y a pas d’atteinte grave à la santé.
Quelles sont les règles à suivre pour les habitants concernant la consommation d’eau et de fruits et légumes sur la zone ?
Dr B. C. Contrairement à différentes informations erronées qui ont pu circuler sur les réseaux sociaux, il n’y a aucune restriction concernant la consommation d’eau courante. Il ne faut cependant pas utiliser l’eau de pluie récupérée et qui serait souillée, ne pas l’utiliser pour l’arrosage ou toute utilisation domestique. Sur les fruits et légumes produits par la population, il faut faire attention à ce qu’ils ne soient pas souillés par les suies. Ils peuvent toutefois être consommés après les avoir nettoyés, essuyés et épluchés. La population doit également éviter tout contact avec les suies sans protection comme des gants et des vêtements de travail.
* Les agences publiques chargées des risques industriels (Ineris) et de la Santé (Anses) vont être consultées sur l'éventualité de rechercher de nouveaux produits dans les retombées consécutives à l'incendie de Lubrizol, a annoncé ce mardi la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne. Des informations sur les produits qui ont brûlé jeudi dernier dans l'usine devraient également être dévoilées ces prochains jours.
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