Les médecins généralistes verront-ils leur rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) fondre pour l'année 2020 en raison de la crise sanitaire ? À en croire les derniers chiffres de la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) présentés aux syndicats de médecins libéraux (relayés par la FMF) la semaine passée lors d’un groupe de travail, la réponse est non.
Un grand nombre d'indicateurs pourtant en baisse
Et ce même si un bon nombre d’indicateurs se sont dégradés du fait de la crise. Ce sont ainsi pas moins de 14 indicateurs de la ROSP médecin traitant (MT) de l'adulte qui ont connu une dégradation en 2020 (- 3 points pour la part des patientes MT de 50 à 74 ans participant au dépistage, -2,8 points pour la part des patients MT traités par antidiabétiques ayant bénéficié d'au moins 2 dosages d’HbA1c dans l’année du cancer du sein), contre 6 en progression.
Pour certains, le lien avec la crise épidémique est évident. La Cnam relève en effet que les indicateurs identifiés comme impactés négativement par la crise étaient les mêmes au deuxième trimestre (premier confinement) qu’au quatrième (second confinement). Parmi eux notamment : « les indicateurs dont la réalisation passe par des dosages biologiques ou des actes (annulation des activités programmées non urgentes et du non-recours aux soins) » et les « indicateurs de dépistage des cancers », précise l’Assurance maladie. À l’inverse, certains indicateurs ont été impactés positivement, comme la vaccination antigrippale et la prescription d’antibiotiques.
La ROSP médecin traitant de l'adulte en légère hausse
Tablant sur une stabilité des indicateurs déclaratifs - non connus à ce jour (les médecins avaient jusqu’au 7 février pour remplir leur déclaration) - par rapport à l’année précédente, la Cnam estime que les montants totaux alloués aux ROSP médecin traitant de l'adulte et de l'enfant devraient augmenter respectivement de 0,9 % (pour atteindre 270 205 813 €) et de 8,9 % (11 148 287 €).
De fait, la Caisse a indiqué aux syndicats qu'il n'y aurait pas de mesures spécifiques pour ces deux ROSP (il y en aura pour celles en baisse). De quoi ulcérer la FMF. Car la hausse du montant global ne signifie pas augmentation pour tous les médecins. Certains praticiens pourraient ainsi voir leur rémunération fortement impactée par la crise. « On croit rêver ! », s'est exclamé la FMF sur son site, qui affirme par ailleurs que les calculs de la Caisse sont fréquemment inexacts (en défaveur des médecins).
Soulignant avoir identifié et prévenu quant à l’influence négative de la crise sur un grand nombre des items de la ROSP dès novembre, la Fédération estime que les résultats présentés par la Caisse démontrent « à l’évidence que l’atteinte des objectifs ne dépend en grande partie pas des médecins, et que tout ce dispositif n’est qu’une mascarade ».
L'an dernier, pour la deuxième année consécutive, la rémunération moyenne des généralistes au titre de la Rosp médecin traitant de l’adulte 2019 s'était élevée à 5 021 euros en moyenne par généraliste contre 4 915 euros en 2018*, soit une hausse de 2 %. Étant donné l'effet de la crise sanitaire sur certains indicateurs du cru 2020, il est permis d'imaginer que la hausse du montant total distribué aux médecins aurait pu être sensiblement plus importante…
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique