Pour pallier la chute de fréquentation des cabinets médicaux durant le confinement (- 40 % d'activité pour les généralistes), plusieurs aides financières ont été mises en place. L'Assurance maladie a ainsi élaboré un mécanisme de soutien, lancé le 30 avril, afin de permettre aux médecins libéraux de faire face au paiement de leurs charges fixes. Au 31 mai, 80 000 demandes de praticiens avaient été validées par la Cnam, pour un montant moyen de près de 4 100 euros par praticien.
De son côté, la Carmf a annoncé mi-mai qu'elle attribuerait une indemnité forfaitaire de 2 000 euros, nette d'impôts et de charges et sans réduction des droits à la retraite, à chacun de ses médecins cotisants. Par ailleurs, les médecins libéraux étaient également éligibles à certaines aides de l'État destinées aux professions indépendantes. Au total, en plus de facilités de trésorerie via le report de certaines cotisations (Urssaf par exemple), les praticiens de villes peuvent donc prétendre à plusieurs milliers d'euros d'indemnités.
De quoi compenser les pertes financières enregistrées lors de l'épidémie de coronavirus ? Pas tout à fait, à en croire les 492 réponses à une enquête du Généraliste*. Ainsi, seuls trois médecins répondants sur dix (29 %) estiment que les multiples aides dont ils peuvent bénéficier leur ont « permis de compenser peu ou prou » leur baisse d'activité. Près de la moitié des praticiens sondés (45 %) affirme l'inverse, tandis que 26 % se montrent plus nuancés.
« Schizophréniques » les libéraux ?
Mais après tout, un médecin libéral doit-il attendre après des aides financières, de l'État notamment ? Plusieurs d’entre vous ont soulevé cette question sur legeneraliste.fr. « La médecine dite libérale dans toute sa schizophrénie », a ainsi réagi le Dr Jean-Paul B en réaction à notre article révélant que la Cnam avait validé les demandes d'indemnité de près de 80 000 médecins.
« Certains confrères se sont, à mon avis, montrés très dépendants de décisions étatiques, et peu "autonomes" dans leurs plaintes : pas de masques, pas de blouses, pas de consignes », observe quant à lui le Dr Pascal B. Et le praticien de poursuivre : « comme si l'utile n’était pas dans toutes les têtes. Demandons des dédommagements d'être venu sur terre et de "faire" généraliste… ». « Je n'ai rien demandé. Je suis un libéral », indique tout simplement de son côté le Dr Bruno B.
Pas forcément en désaccord avec leurs confrères, d’autres praticiens ont néanmoins indiqué qu'ils avaient demandé une ou plusieurs de ces aides — ou avaient l'intention de le faire — par pragmatisme. C’est notamment le cas du Dr Eric B. « Au départ je ne voulais pas réclamer des sous, car je ne suis quand même pas à la rue par rapport à beaucoup d'artisans/commerçants…, mais après réflexion je me suis dit que pour boucher le trou abyssal créé par toutes ces aides, c'est à moi qu'on viendra réclamer des sous, pas aux personnes au RSA, explique ce praticien. Donc je prends l'argent que je rendrais plus tard par une augmentation des impôts, nouvelle taxe… ».
* Enquête menée sur legeneraliste.fr du 26 mai au 16 juin
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