Alors que de nombreux médecins sont débordés par l’activité liée à l'épidémie de Covid-19, d’autres — principalement des libéraux — observent à l’inverse une nette baisse de leur activité. De quoi inquiéter les syndicats de médecins libéraux, qui redoutent de voir les cabinets considérablement affaiblis par ce volume d’activité restreint.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette diminution d'activité ne concerne pas que les spécialistes. En effet, 53 % des 538 praticiens ayant répondu à une enquête sur legeneraliste.fr indiquent avoir « enregistré une baisse de fréquentation de leur cabinet ». « Il y a objectivement beaucoup moins de monde dans les cabinets de médecine générale », confirme le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, joint par Le Généraliste. « Même si cela dépend des zones », précise le néphrologue.
« Le confinement a fait qu’un certain nombre de patients qui devaient revoir leur médecin dans le cadre d’un suivi régulier ne l’ont pas fait, estime le Dr Ortiz. D’autant que les pharmaciens sont habilités à renouveler ordonnance ». De plus, l’activité Covid-19 s’est selon lui « déportée » vers les services dédiés à la prise en charge du coronavirus. « Et en plus, le Premier ministre a eu un mot malheureux lundi en disant qu'il ne fallait aller voir son médecin que pour les urgences », relève Jean-Paul Ortiz.
Jusqu'à 3 500 euros d'aides
Pour compenser cette baisse d'activité et les pertes financières qui en découleront, le SML et la CSMF réclament donc des aides. Dans un communiqué, le SML estime que le « gouvernement n’a pas été clair sur les mesures d’aides dont les cabinets médicaux pourraient bénéficier ». L’organisation demande donc que les cabinets puissent « bénéficier automatiquement » du « large dispositif de soutien aux entreprises (…) mis en œuvre et organisé avec l’adoption de la loi ordinaire sur les mesures d’urgence liées à la crise du coronavirus ».
Ce mercredi, le gouvernement a adopté 25 premières ordonnances pour faire face aux conséquences économiques et sociales provoquées par l'épidémie de coronavirus. Celles-ci prévoient notamment une aide de 1 500 euros pour les entreprises comptant moins de dix salariés, au chiffre d'affaires annuel inférieur à un million d'euros et ayant fait l'objet soit d'une mesure de fermeture, ou ayant subi une « baisse très significative » de leur chiffre d'affaires. Une aide supplémentaire de 2 000 euros pourra également être versée « au cas par cas » pour ces mêmes TPE qui risquent la faillite, mais uniquement celles qui comptent au moins un salarié.
Négociations avec Matignon
Ce ne serait toutefois pas suffisant, estime la CSMF. Pour le Dr Ortiz, les praticiens doivent être indemnisés « comme ils le sont lors de catastrophes naturelles ». « Dans ces cas-là, les assurances peuvent marcher, il y a des aides de l’État, des reports de charge », affirme-t-il. Selon le néphrologue, 3 500 euros mensuels ne suffisent pas pour couvrir les charges de « la plupart des médecins ».
Le Dr Ortiz assure être en négociations avec le cabinet du Premier ministre pour la mise en place d'un mécanisme de soutien, similaire à celui prévu pour les établissements de soins privés. Celui-ci impliquerait l'Assurance maladie. « J'ai dit à Matignon qu'il fallait la même chose pour les libéraux, affirme le patron de la CSMF. Si on ne les soutient pas, il y aura une déstructuration de l'offre de soins, des cabinets entiers vont disparaître. »
Par ailleurs, le patron de la CSMF déplore que les établissements de soins privés, « à qui l'on a demandé de déprogrammer toute l’activité chirurgicale » ne soient pas davantage sollicités. « Ils peuvent prendre en hospitalisation des patients atteints », clame-t-il.
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