Le Généraliste. Le Collège de la médecine générale va bientôt avoir trois ans. Comment définir cette structure – ni société savante, ni syndicat – qui semble encore mal connue des médecins généralistes ?
Pr Pierre-Louis Druais. C’est vrai, le Collège est encore connu surtout des structures membres qui le composent et pas forcément bien identifié par le reste de la profession. À l’origine, ce sont quatre sociétés savantes de médecine générale qui ont voulu se regrouper pour mieux se faire entendre d’organismes comme la HAS. Et puis les syndicats les ont rejoints en proposant la constitution du collège. Le Collège regroupe les syndicats représentatifs de la profession, les sociétés savantes fondatrices, l’université avec le CNGE et une quatrième composante intégrant toutes les sociétés de médecine générale, par exemple avec la société Balint, les médecins de montagne, SOS médecins et, peut-être bientôt, les médecins des hôpitaux locaux. Le Collège, c’est une association ayant pour objectif la représentation et le regroupement de la médecine générale dans tous ses aspects, capable aussi de mobiliser toutes les compétences. Pendant 2 ans, on y a travaillé sur le DPC, bien sûr, mais aussi sur la formation initiale et la certification des compétences, sur des recommandations en soins primaires, sur la recherche dans ce champ et sur l’organisation du système de santé. Ce dernier point est essentiel car si la médecine générale doit être écoutée aujourd’hui, c’est parce qu’on est dans une logique qui fait que le système de soins et les patients ont besoin de cette réorganisation. À l’avenir, nous allons œuvrer sur l’organisation du travail lors d’un séminaire, à la fin de ce mois, qui prendra comme sujet le thème du congrès de juin : le patient chronique.
Il y a un an, la participation à une CSI commune aux autres spécialités faisait débat au sein du Collège. Aujourd’hui, peut-on dire que la profession parle d’une seule voix au sein du Collège ? Et sur quels sujets ?
À l’époque, deux syndicats voulaient que la médecine générale rejoigne la Fédération des spécialités médicales. Or je crois que notre discipline a toutes les raisons du monde pour rester autonome : c’est une discipline récente, en voie de constitution et qui fonctionne différemment. Le patient hypertendu du généraliste n’est pas celui que voit le cardiologue en trithérapie résistante. Et on pourrait dire la même chose à propos de l’insuffisant cardiaque ou du patient cancéreux. La solution qui a été trouvée avec une section généraliste au sein de la Commission scientifique indépendante (CSI) est la bonne et conviens, je crois, à tout le monde. On a à partager avec les autres disciplines un système de réflexion, mais tout en gardant nos spécificités. Dans ce nouveau contexte, je ne sais pas si le Collège de la médecine générale parle d’une seule voix. Mais je sais que la voix du Collège est prépondérante. C’est la parole de discipline dans tous ses états, au sein de laquelle on recherche le consensus.
Quelle va être l’originalité de la nouvelle section généraliste de la CSI et la répartition des tâches avec le Collège ?
Au sein de la CSI, il y aura deux sections, donc deux présidents, l’un et l’autre assurant une présidence tournante de la commission : cette année, Francis Dujarric, président de la section spécialiste, l’an prochain Serge Gilberg qui préside la section généraliste. Ils travailleront ensemble pour les sujets globaux et communs, mais dans le respect de l’autonomie de chaque commission. La section généraliste de la CSI est l’émanation du Collège et la désignation de ses 17 membres titulaires et 17 suppléants a été validée par le conseil national au sein du Collège. Les deux structures travailleront donc en cohérence scientifique et politique, la CSI devant habiliter les organismes de DPC et le Collège continuera à réflechir sur les contenus de programmes de DPC et leur validation.
Mais, concernant le DPC, quelle pourra être la marge de manœuvre des instances généralistes, alors même que la méthode est définie par la HAS et les orientations par le ministère de la Santé ou les ARS ?
Cela n’est pas gênant si l’on a à l’esprit qu’en amont, c’est le Collège de médecine générale qui a participé à définir les axes de fonctionnement et de structuration du DPC, des axes qui ont été proposés ensuite par la HAS lorsqu’elle a annoncé fin décembre les modalités des programmes de DPC. Sans la présence du Collège, la maîtrise de stage n’aurait, par exemple, pas été prise en compte parmi les critères validant le DPC, car la Fédération des spécialités médicales n’y était pas favorable. De même, on a aussi réussi à obtenir que la logique de travail de recherche soit pour les généralistes un élément du DPC. Sur les orientations définies par le ministère, c’est pareil. Le rôle du Collège est précisément d’alerter le ministère. Et si les orientations nationales définies pour le DPC ne nous conviennent pas, nous ne nous priverons pas de le dire et de proposer des alternatives !
Êtes-vous optimiste pour le démarrage du DPC ? Ce nouveau dispositif a-t-il, selon vous, les moyens de fonctionner ?
Pour cette année, l’idée est de reconduire les structures de FMC et DPC existantes pour qu’on puisse démarrer, et d’en valider de nouvelles pour 2014. Mais l’inquiétude est ailleurs, du côté du financement. La section généraliste de la CSI nous a déjà fait remonter des difficultés avec l’OG DPC (Organisme de Gestion du DPC). Il n’y aurait, par exemple, pas assez d’argent pour financer la démarche réflexive du DPC qui ne serait pas forcément rémunérée aux médecins… Ou bien, seule la partie présentielle de l’évaluation des pratiques serait indemnisée… Tout semble fait à ce niveau pour réduire les coûts au détriment de la logique du DPC. On risque de passer de 8 jours de formation indemnisés l’an passé à 4 seulement. C’est une régression. En 2011, quelque 19 000 confrères ont été formés dans le dispositif de FMC indemnisés. Ils étaient un peu moins nombreux en 2012. L’idée, pour nous, serait de mettre en route une progression linéaire pour que, à terme, 40 % de généralistes supplémentaires puissent entrer dans la dynamique du DPC. Or si les moyens sont accordés à portion congrue, avec trop peu de jours de formation par an payés seulement aux médecins et des experts du CSI non rémunérés pour la globalité de leurs fonctions, on ne pourra pas franchir ce cap. Actuellement, au niveau financier, on ne dispose en effet que de 83 millions d’euros, c’est-à-dire de quoi financer la formation de 27 000 médecins maximum, à raison de 3 000 euros par praticien libéral. Il faut plus de transparence sur les financements et la gestion globale du DPC.
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