« Identifier les secteurs de soins à risque augmenté, adapter les effectifs à la charge en soins, proposer des équipements de protection pour les professionnels de première ligne, financer des équipements de sécurité pour le secteur libéral… » : le président de SOS Médecins, le Dr Jean-Christophe Masseron et Nathalie Nion, cadre infirmière, ont dévoilé ce vendredi leur « rapport sur les violences à l’encontre des soignants » commandé en février par le ministère de la Santé.
Après plusieurs mois d'auditions auprès des Ordres professionnels, acteurs du monde hospitalier, URPS, représentants de CPTS, fédérations et syndicats d’étudiants et représentants des ministères de l'Intérieur et de la Justice, les deux auteurs ont identifié six objectifs « pour mieux appréhender les violences contre les soignants, mieux les prévenir et protéger les victimes ».
Dispositifs d'alerte portatifs, formation ciblée
En pratique, ils présentent une quarantaine de mesures, véritable boîte à outils que pourra reprendre l'exécutif pour son plan contre les violences aux soignants, attendu début juillet. Déjà, plusieurs propositions « ont particulièrement retenu l'attention des ministres », notamment « le déploiement de dispositifs d'alerte portatifs pour les professionnels exerçant de façon isolée ». Les deux rapporteurs se prononcent en effet en faveur du port, par les soignants, de « dispositifs d'alerte connectés et géolocalisés » – de type bracelets ou bijoux « qui ne nécessitent pas de se servir d'un téléphone ».
Également distinguée par le ministère, la proposition d'une formation initiale et continue des soignants et des personnels d’accueil « pour mieux gérer l'agressivité éventuelle de leurs interlocuteurs ». Autre piste, « l'amélioration de la réponse pénale » face aux menaces et agressions que les soignants subissent.
Boutons-poussoirs
Le document suggère également, dans les services d'urgences ou dans certains locaux comme la pharmacie ou les chambres de garde, la mise en place de systèmes type bouton-poussoir qui permettent de donner l'alarme discrètement face à une situation de danger.
Ces propositions interviennent dans un contexte particulièrement lourd, voire dramatique, chez les blouses blanches. Le récent rapport de l'Observatoire de la sécurité de l'Ordre – publié juste après l'agression mortelle d'une infirmière au CHU de Reims – a fait état d'un record historique du nombre d'incidents déclarés par les praticiens en 2022. Le ministre de la Santé François Braun a pressé tous les hôpitaux de réaliser en urgence un audit de sécurité, qui doit être terminé avant le 30 juin.
Le gouvernement présentera donc, sur la base de ce rapport Nion/Masseron, un plan de lutte contre les violences aux soignants au début du mois de juillet.
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre