« Faire de la France le leader mondial de la santé numérique » passe aussi par la formation des médecins aux nouvelles technologies. C’est en tout cas un des volets de la stratégie d’accélération en santé numérique présentée le lundi 18 octobre. Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, puis Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, se sont succédé dans les locaux de Station F, campus de start-up à Paris, pour détailler chacun des volets de cette stratégie.
Cinq volets et 34 actions
Complétant celles découlant de la feuille de route du numérique en santé présentée en mai 2019, des 2 milliards d’euros du Ségur du numérique et du plan Innovation Santé 2030 de juin 2021, cette nouvelle stratégie compte cinq volets : la formation, la recherche, la maturation des projets, l’évaluation et l’expérimentation, et enfin le déploiement à grande échelle, selon le ministère de la Santé. Et se décline en 34 actions.
Si les volets recherche, maturation des projets, évaluation et déploiement à grande échelle concernent plus particulièrement les développeurs de projets, solutions, dispositifs médicaux, etc., les professionnels de santé sont, eux, concernés par la formation et l’expérimentation.
Former 210 000 étudiants en santé d'ici 2025
Ainsi, le plan « consacre un effort particulier sur la formation de l’ensemble des acteurs du secteur. (…) Le numérique n’est qu’un instrument dans la main du soignant, du professionnel du médico-social… », a détaillé Frédérique Vidal. Une enveloppe de 81 millions d’euros sera consacrée à la formation. Dont 54 M€ seront dédiés à « développer l’offre de formation initiale en santé numérique pour les professionnels de santé et médico-sociaux ». Le gouvernement ambitionne de former, d’ici 2025, 210 000 étudiants en santé dans 24 filières et 36 universités.
Cela passera par trois actions du plan : d’abord, modifier les textes réglementant les formations initiales pour « intégrer du numérique en santé dans les maquettes en cours » et faire en sorte que la réglementation « puisse évoluer beaucoup plus rapidement », a précisé François Couraud, conseiller scientifique et pédagogique auprès de la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP) du ministère de l’Enseignement supérieur ; puis mettre en place des modules dans les formations ; et enfin mettre en place des outils d’évaluations et de certifications des compétences via le projet PIX (service en ligne pour évaluer, développer et certifier les compétences numériques). « Cette triple action doit être coordonnée » pour toutes les filières, a ajouté le conseiller scientifique et pédagogique.
Cybersécurité, données de santé, télésanté… au menu des formations
Sur le contenu de ces formations, Matthieu Faure, directeur de projet et expert médico-social à la délégation ministérielle au numérique en Santé (DNS), a indiqué les cinq grands domaines identifiés : « la cybersécurité ; la donnée de santé (comment la caractériser, la réglementation…) ; la communication (avec le patient, entre pairs, avec les institutions, avec les aidants) ; les outils et logiciels métiers (DMP, INS… ) ; et la télésanté ».
Les premières formations pourraient être déployées à la rentrée 2022, comme le confiait David Sainati, directeur de projets à la DNS au Généraliste en septembre. Et si le plan se concentre dans un premier temps sur les formations initiales, il est également prévu de « réaliser un diagnostic des formations professionnelles ».
Intégrer la médecine de ville dans les « terrains d'expérimentation »
Un autre volet de la stratégie porte, lui, sur l’évaluation et l’expérimentation, avec notamment l’objectif de « faire émerger des tiers lieux d’expérimentation pour le numérique dans les organisations de soins ». Si les premiers exemples concernent l’hôpital (Paris Santé Campus, projet Hôtel-Dieu à l’AP-HP), Olivier Véran entend intégrer la médecine de ville.
« Un appel à projets dédié va être lancé d’ici la fin d’année 2021 (…). Cette action vise à installer et financer des programmes d’expérimentation dans des structures sanitaires et médico-sociales, en intégrant pleinement la médecine de ville. Cette action est dotée d’un budget global de 63 M€ avec un objectif de 30 structures retenues comme « terrain d’expérimentation » et 100 solutions expérimentées d’ici 2025 », a souligné le ministre de la Santé.
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