C’est une situation « kafkaïenne » que dit subir depuis février la Dr Céline Grégoire. Exerçant déjà à la clinique Claude-Galien à Quincy-sous-Sénart (Essonne) ainsi qu’en cabinet à Pontault-Combault (Seine-et-Marne), la médecin généraliste avait travaillé pendant deux ans pour ouvrir un cabinet médical à Santeny (Val-de-Marne), 4 000 habitants, avec le soutien de la mairie.
Las, ouverte en février avec une petite équipe médicale, cette structure de 230 m2 entièrement rénovée a dû rapidement fermer ses portes quelques semaines plus tard, le 18 avril, faute d’avoir reçu le feu vert du conseil départemental de l’Ordre des médecins. Pas d’autorisation de consulter. « Apparemment, mon dossier, pourtant complet selon moi, avait été rejeté au motif qu’il manquait un document, le bail avec la mairie, confie la Dr Grégoire, jointe par Le Quotidien. Mais personne ne m’a informée de cette carence pendant plus de deux mois. »
Opacité
Sans baisser les bras, l’omnipraticienne a donc redéposé un dossier début mai. « Mais malgré mes relances, celles de ma juriste et de mon avocat, aucune information ne nous est transmise. La secrétaire qui suit mon dossier m’a confié n’avoir jamais vu un cas traité avec autant d’opacité », se désole la médecin.
La maison médicale reste donc portes closes, au grand dam de la patientèle locale. Selon la Dr Grégoire, « 800 patients dans cette commune » n’ont pas médecin traitant. « Hier encore, j’ai reçu à Pontault-Combault une patiente de Santeny, en errance médicale. Elle souffre d’hyperthyroïdie, avec un kyste cérébral nécessitant un suivi régulier. Le diagnostic a été fait à Santeny puisqu’elle n’avait de médecin. Elle est aujourd’hui à nouveau livrée à elle-même », regrette la généraliste.
Cette dernière pointe du doigt « les méthodes » de l’Ordre départemental qualifiées de « moralement discutables ». « Dans un contexte de désertification médicale, c’est un scandale que des projets viables, financés et structurés restent bloqués pour des raisons obscures. Et personne ne semble leur demander de comptes. C’est aberrant », lance la généraliste, « désespérée ».
La praticienne veut croire que « la situation se débloquera ». En cas de nouveau refus « non motivé », elle compte faire appel auprès de l’Ordre national puis porter son affaire au conseil d’État. Contacté par Le Quotidien, l’Ordre départemental n’a pas répondu à nos sollicitations.
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