Élu maire de Vernon (Eure) en 2008, le Dr Philippe Nguyen-Thanh (photo ci-dessous), médecin généraliste de métier, n’était pas parvenu à se faire réélire en 2014. Jusqu’à il y a peu, l'ancien édile socialiste était « prêt à repartir » et songeait à se présenter aux élections municipales de 2020.
Mais il n’en sera rien. Devant la « situation catastrophique » de la démographie médicale dans son secteur, le Dr Nguyen-Thanh a dû choisir entre la politique et ses patients. « Si j’avais poursuivi et m'étais présenté, il y aurait forcément une partie de ma patientèle qui se serait retrouvée sans médecin », confie-t-il au Généraliste. Après avoir « beaucoup réfléchi », l'ancien élu ne s'est pas lancé dans la course à la mairie. « Je tiens à la politique mais aussi beaucoup à mes patients, et donc ça a été un vrai choix cornélien », explique-t-il. Un choix dont on ne sait pas s’il est lié au fait que le Parti socialiste et le Parti communiste ne soient pas parvenus à faire alliance avec les écologistes, condition « évidemment nécessaire pour gagner », selon l'intéressé.
« Cela aurait été un véritable crève-cœur que d'abandonner mes patients pour faire de la politique. C’est difficile de savoir quel est le besoin le plus urgent… Mais je suis en premier lieu médecin », confie le Dr Nguyen-Thanh.
Maire et médecin : difficile mais faisable... jadis !
Du temps où il était maire, cet omnipraticien avait tenu à continuer d’exercer, de façon à maintenir le contact avec la réalité. « En tant que médecin, on voit la misère humaine de près, souligne-t-il. Il me semblait à la fois bien et essentiel de continuer à travailler tout en étant maire ». Pendant six ans, la vie du maire fut épuisante. Chaque jour, Philippe Nguyen-Thanh alternait entre l’Hôtel de ville de Vernon et son cabinet, situé à deux pas, sautant bien souvent la case déjeuner. « Quand on est à la mairie, il y a un devoir de réflexion, d’action mais aussi de représentation… J’avais assez fréquemment des réunions le soir et le week-end, glisse-t-il. C’était très difficile… »
Très difficile, certes, mais faisable ! Grâce notamment à l’aide des deux autres praticiens de son cabinet, qui ne sont autres que son père et son beau-frère. Tous deux avaient ainsi repris une partie de sa patientèle. Alors qu’il s’imaginait repartir sur ces bases, l’ancien maire de Vernon s’est donc finalement rétracté. « À l’époque mon père avait dix ans de moins (il en a désormais 84, ndlr). Il est un peu fatigué donc ce n’est pas imaginable. C’est aussi ça qui m’a un peu poussé à réfléchir », explique Philippe Nguyen-Thanh.
Un emploi du temps incompatible avec une campagne électorale
Dans le même temps, la situation démographique de la commune de 25 000 habitants et des alentours s’est « nettement dégradée ». À tel point que le généraliste affirme recevoir « chaque jour cinq ou six personnes qui cherchent un nouveau médecin traitant car elles n’en ont pas ». Et ce malgré le fait que Vernon ne soit qu’à 45 minutes de Rouen et de Paris et ne soit « pas une petite ville dans la pampa », remarque le Dr Nguyen-Thanh.
« Tous les généralistes ont à peu près le même âge, autour de 60-65 ans, et ils partent tous en retraite. Et on a énormément de mal à en attirer de nouveaux. Pourtant, ce n’est pas faute de faire des efforts, assure le praticien. Je suis maître de stage et j’accueille donc régulièrement des internes. ».
Des journées au cabinet qui commencent à 8h30 et se finissent à 21 heures, des gardes, une journée hebdomadaire à la fac de médecine de Rouen où il est professeur associé… l'emploi du temps de celui qui est également président de l'association des médecins généralistes de Vernon et secrétaire de la section PS de la commune est archi plein et ne lui permet donc pas de mener une campagne électorale.
Le Dr Nguyen-Thanh ne tire toutefois pas un trait définitif sur la politique. « Je ne sais pas si j’y reviendrai plus tard, confie-t-il. Pour l’instant, j’ai le nez dans le guidon, je m’occupe de mes patients. Mais je suis toujours fortement politique, puisque je défends des idées depuis très longtemps et je n’ai pas arrêté de le faire ».
Et la retraite ? « Elle viendra en temps utile, mais pour l’instant, l'urgence sanitaire est telle qu’il n’est pas question d’arrêter », tranche le Dr Nguyen-Thanh.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique