Interdit d’exercer la médecine pendant un an et demi, le Dr Grégory Pamart fait partie des médecins suspendus pour avoir refusé la vaccination contre le Covid en 2021. À 33 ans seulement, il avait fait le choix de fermer son cabinet médical de Jenlain (Nord) pour rester fidèle à ses convictions, comme il l’avait expliqué à l’époque au « Quotidien ».
Le généraliste est sous le coup d’une sanction ordinale pour ses prises de position et pour avoir soigné un malade du Covid durant sa suspension. Il attend aujourd’hui la décision de la chambre disciplinaire nationale après avoir été condamné en première instance à 6 mois de suspension d’exercice avec sursis.
Le 22 mai dernier, il a renoué avec la médecine une semaine seulement après la fin de l’obligation vaccinale anti-Covid imposée aux soignants pendant la crise sanitaire. Comment a-t-il vécu cette période de suspension ? Comment ses confrères médecins l’ont-ils accueilli à l’hôpital où il exerce désormais ? Cet épisode a-t-il changé sa façon d’aborder son métier ? Le jeune homme a répondu au « Quotidien ».
Comment avez-vous accueilli la fin de la suspension des soignants non vaccinés ?
Compte tenu de l’évolution de l’épidémie, c’est une décision logique. Aujourd’hui, sanitairement, il n’y a plus rien qui justifie notre éviction du milieu de la santé. Mais j’ai attendu la publication du décret avant d’y croire vraiment. J’ai alors réalisé à quel point cette impossibilité de travailler avait été un traumatisme pour moi. Être exclu socialement du jour au lendemain, ce qui est le cas quand on a perdu son travail, c’est très dur. Je me suis posé la question de savoir si j’allais reprendre la médecine, si je devais attendre ou pas. La réponse n’était pas si simple.
Pourquoi cette hésitation ? Qu’est-ce qui vous a décidé d’exercer à nouveau ?
Parce qu’il y avait ce traumatisme et parce que mon choix de partir au moment de l’obligation vaccinale avait des implications. Est-ce que je devais revenir par la petite porte comme si de rien n’était ? Est-ce que je devais m’exposer à être mis dehors de nouveau en cas de retour de l’obligation vaccinale ? Ce sont des personnes que j’ai croisées peu avant la fin de la suspension, d’anciens patients notamment, qui m’ont convaincu de revenir à cause du manque de médecins et parce qu’ils apprécient ma manière de travailler. Je me suis senti appelé à revenir. Et puis j’ai réalisé ce que j’avais perdu lorsque j’ai fermé mon cabinet. Ce contact avec les patients. J’avais oublié ce qu’était mon métier.
Pourquoi avoir choisi l’hôpital pour reprendre une activité ? Est-ce que votre étiquette de non-vacciné vous a fermé des portes ?
Remonter un cabinet n’était pas évident. Je voulais le faire bien, d’une façon qui corresponde à ma vision de la médecine aujourd’hui. J’avais besoin de temps pour y réfléchir, construire un nouveau projet. En attendant d’y parvenir, je me suis dit pourquoi ne pas travailler en tant que salarié. J’ai envoyé trois mails et un SMS et puis j’ai eu deux propositions ! J’ai finalement choisi d’aller dans un service des urgences d’un petit hôpital où je travaille à temps plein.
Aviez-vous des appréhensions avant de reprendre ?
Je pensais que j’allais stresser, que j’aurais du mal à dormir la veille. Je n’avais pas exercé à l’hôpital depuis très longtemps. Étonnamment, ça n’a pas été le cas. J’étais assez tranquille. L’envie d’y aller et la curiosité de redécouvrir l’hôpital où je n’avais pas mis les pieds depuis mes stages ont pris le dessus. Et tout s’est bien passé ! J’ai été très bien accueilli par le service. Au bout d’une semaine, j’avais repris mes marques et maintenant je fais des gardes.
Vos confrères connaissaient-ils votre parcours ? Vous ont-ils reproché vos prises de position sur le vaccin anti-Covid ?
Lors de mon embauche, j’ai été très honnête sur mon parcours. J’ai expliqué que je voulais avant tout exercer mon métier sans faire de prosélytisme. Ça n’a pas posé de soucis. Je constate que la plupart des gens veulent tourner la page de la crise sanitaire, passer à autre chose. Dans le service, ça n’a pas posé de problème non plus. Je n’ai pas perçu de regard en coin dans les couloirs ! Certaines personnes auront peut-être des a priori sur moi, mais je crois qu’ils changeront d’avis en me voyant travailler. Quand vous passez 24 heures à côté de quelqu’un, vous avez vite compris à qui vous avez affaire. Je vais faire une vingtaine de gardes cet été… Les collègues sont plutôt contents d’avoir un coup de main dans la situation actuelle à l’hôpital, d’autant plus que j’arrive avec une certaine fraîcheur.
Comment voyez-vous votre avenir ?
Je ne resterai pas à l’hôpital toute ma vie même si j’ai envie de garder une activité aux urgences. Comme je le disais, j’envisage de retourner dans le libéral, mais en exerçant hors convention. L’exercice conventionnel est très contraint. C’est en particulier vrai sur les prescriptions qui sont de plus en plus encadrées, voire encouragées à travers des dispositifs comme la Rosp. Je suis également opposé au dossier médical partagé qui est un vrai danger pour le respect du secret médical.
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