Bouchez-vous les oreilles, les premières publicités de complémentaires santé pour leur service de téléconsultation débarquent sur les ondes ! Lundi matin, le Dr Gérald Kierzek, urgentiste à l'Hôtel-Dieu et chroniqueur sur Europe 1, était le premier à le déplorer sur les réseaux sociaux :
C’est parti : pubs à la radio pour des téléconsultations de mutuelles @ordre_medecins
— Dr Gérald KIERZEK (@gkierzek) 6 novembre 2017
Peu après, des patrons de syndicats de médecins libéraux, les Drs Jean-Paul Hamon (FMF) et Jérôme Marty (UFML-S) tweetaient leur indignation, interpellant au passage le Dr Jacques Lucas, le vice-président de l’Ordre des médecins, délégué général au numérique.
On va continuer ds le deux poids deux mesures? Ou on interdit ces publicités? @Jcqslucas
— DrMartyUFML (@Drmartyufml) 6 novembre 2017
L’ordre des médecins curieusement absent sur le sujet
— Jean Paul Hamon (@hamonjeanpaul) 7 novembre 2017
Bien avant que Twitter s’en préoccupe l’@ordre_medecins s’en était occupé. Nous attendons la réponse pour les suites à donner. https://t.co/jSZDKVm8ON
— Jacques Lucas (@Jcqslucas) 8 novembre 2017
Concurrence déloyale ?
Depuis le lancement de l'offre d'AXA Assistance en 2016, plusieurs complémentaires santé et acteurs du secteur (Mondial Assistance, Eovi mcd mutuelle, MédecinDirect...) proposent de la téléconsultation à leurs assurés ou clients – le plus souvent gratuitement dans leur contrat – se targuent d'effectuer de plus en plus de consultations à distance. Jusqu'à concurrencer les professionnels de santé ?
Si les présidents de la FMF et de l'UFML-S, paraissent inquiets, celui des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel n'y croit pas : « On est en dehors de la notion de médecin traitant, à laquelle les Français sont très attachés. Ces systèmes proposés n'ont rien à voir avec le rôle du médecin traitant. » Pour lui, ces téléconsultations gratuites n'ont donc pas « vocation à remplacer » une véritable consultation au cabinet. « Les patients qui le veulent nous appellent et on discute au téléphone. La plupart du temps, s’il y a un vrai problème de santé, le conseil donné sera "Allez voir votre médecin" », estime de son côté le président de MG France, le Dr Claude Leicher.
« Un non sens »
Pour les patrons des deux syndicats de généralistes, l'émergence des services de téléconsultation ne menace pas leur médecine. Claude Leicher estime qu'elle répond à une logique « du marché » : « Il s'agit d'une frange très marginale, un peu gadget, du système de santé, qui pourra ponctuellement rendre service en rassurant les gens. » Luc Duquesnel est de cet avis : « On est dans le consumérisme avec des assurances complémentaires en concurrence acharnée et qui essaient d’attirer des clients chez elles. C’est un non-sens en termes de parcours de soins », analyse le leader des Généralistes-CSMF. « L’efficacité en termes de santé, personne ne la connaît aujourd’hui. On attend avec intérêt les premiers procès ou les premières évaluations », ajoute Claude Leicher.
Quant à une éventuelle intervention du CNOM, Luc Duquesnel « ne voit pas très bien ce que pourrait faire l’Ordre ». « Depuis l'apparition de ces services il y a deux ans, il ne s’y est pas opposé. C’est avant tout pour l’usager que cela complique les choses. » Les médecins ayant l'interdiction de faire de la publicité, les complémentaires qui font de la téléconsultation pourraient-ils être concernés ? À MG France, on ne le pense pas. « Ces publicités ne concernent pas des individus donc je pense que l’Ordre ne pourra rien faire, dit Claude Leicher, qui ne les considère d'ailleurs pas comme problématiques. « Le problème est de savoir si les patients qui ont recours à ces services seront conseillés à bon escient et bénéficieront de la qualité et la sécurité », conclut-il.
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