De nombreux politiques proposent, pour repeupler les déserts médicaux, de salarier les médecins. Cette solution aussi attractive soit-elle, a-t-elle un intérêt pour repeupler ces zones sensibles ?
En fait, même si les jeunes générations de praticiens ne rechignent pas pour cette proposition qui leur permet de travailler moins (35 ou 39 heures suivant les cas) en recevant une rémunération attractive, il faut bien voir certains points (négatifs ou positifs selon notre position) de ces choix.
La vraie problématique ne réside pas dans la réalité des déserts médicaux, mais plutôt celle de la pénurie de l’offre. Comment allez-vous, avec un nombre très faible de généralistes, permettre qu’un certain nombre ne travaille que 35 heures par semaine ? Il ne faut pas oublier que la moyenne de travail d’un généraliste libéral avoisine 50 heures/semaine. Pour les remplacer, il faut presque deux postes de médecins salariés.
Gouffre financier
De quelle manière les élus vont financer ces postes qui se révèlent à 25€ de la consultation, un véritable gouffre financier ? Imaginez, il va falloir payer un secrétariat, un « intendant » (on a imaginé cette fonction déjà dans certaines MSP), une femme de ménage ; tout cela pour une somme modique par patient.
Le point positif pour nos collègues salariés, c’est qu’ils pourront plus facilement prétendre à un arrêt de travail, et n’auront qu’une journée de carence. Ce système marche bien actuellement avec les fonctionnaires, et il est probable qu’ils en useront comme les autres territoriaux.
Quid dans la réalisation du tour de garde avec ces collègues qui travaillent 35 heures ? Les autres confrères aux alentours devront-ils intervenir pour pallier au manque d’effectifs durant cette période ?
Tout cela pour dire que des idées émanant des politiques, cela fait du bien pour flatter son propre électorat, mais ne résout pas la problématique de la pénurie des praticiens. De plus, il est probable que les administrés vont quelque peu tousser lorsqu’on va leur demander de mettre la main à la poche.
Certains conseillers généraux ont pris les devant vis-à-vis du salariat (par peur probablement du surcoût engendré par cette solution) en proposant des postes en CDD aux futurs salariés ; surfant ainsi sur l’ambiguïté de la poursuite de cette expérimentation. Mais, est-il concevable aux yeux de la loi d’accepter des propositions de CDD, alors que dans le privé cette formule doit être rapidement transformée en CDI ?
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
L’Académie pointe les disparités de l’offre de soins en cancérologie
Un carnet de santé numérique privé ? L’onglet de Doctolib jette le trouble, jusqu'au ministère
Le retour à l’hôpital d’une généraliste après 25 ans de libéral
AP-HP, doyens, libéraux : pourquoi le secteur médical quitte X (ex-Twitter) au profit de Bluesky ?