L’enfance et l’adolescence constituent des périodes de croissance et de développement qui conditionnent en grande partie le mode de vie de chaque adulte notamment en matière de santé. C’est pourquoi, chaque enfant, de la naissance à la fin de l’adolescence, a besoin d’un suivi médical adapté. Les pédiatres, hospitaliers et de ville, assurent ce suivi et jouent ainsi un rôle majeur de prévention, de détection et de traitement des pathologies qui peuvent affecter les enfants à différents âges et étapes de leur développement.
Accompagner les parents
Du fait des multiples affections qui peuvent toucher les enfants et adolescents, « la pédiatrie est une affaire multidisciplinaire dans laquelle chacun à un rôle à jouer et qui donne une part centrale à la prévention et au dépistage précoce », définit la Pr Christèle Gras-Le Guen, chef du service de pédiatrie au CHU de Nantes. À travers les visites obligatoires à différents âges et les consultations, les pédiatres s’imposent comme les interlocuteurs privilégiés des parents. Ils les conseillent notamment en matière de nutrition, de sommeil, d’hygiène ou encore de prévention des accidents. Ils sont aussi en première ligne pour la détection de certaines pathologies et pour le suivi des vaccins obligatoires.
Il faut également prendre en compte d’autres facteurs qui peuvent nuire à la bonne santé de l’enfant notamment ceux liés à son environnement et « parfois parfois d’accompagner les parents dans des situations difficiles ou des contextes de précarité, parcours migratoire ou dimensions culturelles compliquées à vivres au quotidien », explique la Pr Gras-Le Guen. D’où la nécessité de collaborer avec d’autres acteurs de santé comme les médecins scolaires ou bien les professionnels de la protection maternelle et infantile (PMI) qu’ils soient médecins, infirmiers, psychologues, éducateurs ou encore assistants de service social. Les médecins généralistes sont aussi en première ligne et « sont les premiers interlocuteurs de l’immense majorité des familles françaises si bien que la proportion d’enfants suivis par des pédiatres reste modeste », relève la pédiatre. Un rapport de l’Igas de 2020 montre que les généralistes assurent 85 % des consultations de ville des enfants de moins de 16 ans.
Des besoins plus importants
Car la médecine pédiatrique libérale voit ses effectifs menacés par le vieillissement des praticiens. Il y avait en 2023, 2 101 pédiatres en exercice libéral exclusif (contre 2 439 en 2012), selon les chiffres de la Drees (ministère de la Santé). Ce qui pose la question de l’accès aux soins. Néanmoins, « la relève arrive et de jeunes pédiatres s’installent pour exercer en libéral », se réjouit la professeur Gras-Le Guen. Ce qui permettra de renforcer la coordination entre la ville et l’hôpital.
La relève arrive et de jeunes pédiatres s’installent pour exercer en libéral
Pr Christèle Gras-Le Guen, chef du service de pédiatrie au CHU de Nantes
De son côté, la pédiatrie hospitalière affiche une plus grande solidité - on compte 4 729 pédiatres en 2023, contre 3 572 en 2012 (Drees). En charge non seulement des soins aux enfants mais aussi de la formation des internes, elle voit sa population augmenter. Pour autant, même si l’ensemble des postes ouverts à l’internat pour cette spécialité sont remplis chaque année, son attractivité décline auprès des étudiants comme en témoigne l’augmentation du rang maximal d’affectation depuis 2010, passé de 3 670 à 5 824 en 2020. En cause, la durée et l’intensité du 3e cycle qui impose une charge élevée de permanence des soins ou encore les relations de plus en plus complexes avec les familles.
Malgré tout, les besoins pour garantir des soins de qualités aux enfants et adolescents sont toujours plus importants. Nous assistons à la réémergence en France de certaines maladies que l’on croyait disparues comme le scorbut. Plus généralement, plusieurs chiffres concernant la santé des enfants en France alertent médecins et politiques. De fait, les urgences pédiatriques enregistraient 5,5 millions de passages en 2020, soit 27 % de l’activité totale des urgences cette année-là. Les délais d’attentes pour un rendez-vous en pédiatrie ou pédopsychiatrie vont de six à dix-huit mois. Du point de vue de la mortalité infantile, la France se situe au 22e rang sur 34 pays européens.
Dynamiser la pédiatrie
En mai 2024, les Assises de la pédiatrie ont tenté de répondre aux besoins grandissants de cette spécialité. Il en est ressorti une feuille de route visant à investir dans la prévention, améliorer le parcours de soins des enfants, la prise en charge et la réponse en matière de santé mentale et enfin investir dans la recherche et l’innovation en pédiatrie et santé de l’enfant. Parmi les mesures proposées, on compte la volonté de systématiser la réalisation des 20 examens obligatoires de l’enfant, la création d’une nouvelle visite obligatoire à 6 ans ou encore l’optimisation des soins non programmés pour désengorger les services d’urgences.
Un certain nombre de mesures ont déjà été mises en place suite à la publication de cette feuille de route. Les tarifs des pédiatres libéraux ont été revalorisés. Les trois consultations obligatoires de l’enfant sont passées de 47,50 euros à 54 euros en décembre dernier avec la nouvelle convention avant d’être réévaluées à 60 euros en juillet de cette année. « Il convient maintenant de ne pas s’arrêter là, de repartir avec la nouvelle équipe ministérielle pour aller au bout de cette feuille de route », conclut la Pr Christèle Gras-Le Guen.
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