Poursuivi pour des arrêts de travail excessifs, le Dr Dominique Tribillac, 71 ans, ne désarme pas

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Publié le 21/05/2025

Convoqué vendredi 16 mai 2025 devant le tribunal administratif de Rouen, le médecin généraliste dieppois, accusé de prescrire trop d’arrêts maladie, mais qui s’en défend en raison des indicateurs de santé de sa patientèle, se dit déterminé à faire appel si sa requête est rejetée.

Crédit photo : Dr Tribillac

Médecin généraliste dans le quartier populaire du Val Druel à Dieppe (Seine-Maritime), le Dr Dominique Tribillac persiste et signe, prêt à aller « jusqu’au bout » pour défendre sa bonne foi alors qu’il est accusé d’avoir prescrit beaucoup trop d’arrêts maladie.

Le praticien retraité de 71 ans a comparu vendredi 16 mai devant le tribunal administratif de Rouen à la suite de sa propre plainte contre sa caisse primaire locale pour « sanction non motivée ». Le généraliste conteste en effet sa mise sous accord préalable (MSAP) de février 2024 à fin mai 2024 pour avoir prescrit trois fois plus d’arrêts maladie que la moyenne de ses confrères.

« Ce n’est pas le rôle des médecins de faire des économies

Dr Dominique Tribillac

Lors de l’audience qui a duré une vingtaine de minutes, le Dr Tribillac a martelé ses arguments face aux trois juges administratifs. « Ils étaient attentifs, à l’écoute, mais sans poser la moindre question. C’est regrettable quand même », confie le médecin joint ce mercredi par Le Quotidien.

Misère sociale et économique

Le médecin de famille ne comprend toujours pas pourquoi il a été poursuivi en fin de carrière pour ses arrêts de travail supposément excessifs. « Durant mes 35 ans d’exercice, jamais les médecins-conseils n’avaient jugé, sur le plan médical, que je dépassais les clous, ajoute-t-il. Pourquoi je changerais mes pratiques maintenant ? »

Sur le fond, dans cette affaire, le Dr Tribillac regrette que la caisse primaire n’ait pas pris pas en considération « la réalité socio-économique de [ma] patientèle, qui vit pour beaucoup avec 865 euros en moyenne », dans ce quartier défavorisé. « Mes patients vivent dix ans de moins que ceux qui ont des ressources plus élevées ! Cette différence de dix ans n'est pas quelque chose de normal. Le directeur de la caisse devrait au minimum se poser des questions… » Selon le généraliste, cette « misère sociale et économique » entraîne de fait un nombre nettement plus élevé d’arrêts maladie qu’ailleurs. Et surtout, « ce n’est pas le rôle des médecins de faire des économies mais de délivrer des arrêts de travail lorsque le patient en a besoin », insiste le Dr Tribillac.

Le tribunal administratif de Rouen a mis sa décision en délibéré le 16 juin. Si le jugement lui est défavorable, le Dr Tribillac annonce son intention de faire appel. En attendant, le généraliste retraité depuis juin 2024 a repris une activité… partielle de trois demi-journées par semaine. Et assure poursuivre « comme avant » ses prescriptions d'arrêts de travail.


Source : lequotidiendumedecin.fr