Fin novembre, le conseil départemental de Corrèze votait à l'unanimité en faveur de la création d'un centre départemental de santé, sur le modèle de celui mis en place en Saône-et-Loire. Le département est passé en phase active de recrutement.
A cet effet, son président, Pascal Coste, adresse des courriers aux généralistes libéraux installés partout en France (hormis ceux déjà implantés en Corrèze) pour leur expliquer son projet et les attirer sur son territoire. « L'idée est d'informer les médecins de notre démarche, qui est basée sur le salariat et qui prévoit la décharge de toutes les tâches administratives, dont on sait qu'elles embolisent les médecins généralistes », explique ce lundi au « Quotidien » Sophie Queriaud, directrice de l'action sociale départementale.
Le courrier précise que le centre a « un caractère multisite » et sera implanté à Égletons, Neuvic, Bort-les-Orgues et Sornac (communes situées dans le parc naturel régional de Millevaches, à la frontière avec le Cantal). Il met en avant les atouts de ce travail : exercice coordonné, équipe administrative et secrétariat, temps de travail modulables ou même possibilité de partager l'activité avec du libéral.
Aucune contrainte
La démarche de la Corrèze a fait grincer quelques dents. Une médecin proche de l'UFML-Syndicat (Union française pour une médecine libre) s'est émue de cette offensive sur Twitter, publiant des photos du courrier.
Quand le désert avance, tous les coups sont permis ? Le président du conseil départemental de Corrèze écrit aux généralistes déjà installés dans d’autres départements pour les débaucher ... @Drmartyufml pic.twitter.com/nPH609rCfc
— Brigitte Couradeau (@BCouradeau) 4 février 2019
Le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-Syndicat, reproche au président du conseil départemental « de chercher à résoudre son problème sans penser à l'intérêt général ».
Interrogé sur France Bleu, ce dernier a répliqué « être à l'aise avec cette démarche », se défendant de vouloir déshabiller Pierre pour habiller Paul. « Nous entendons les réactions mais elles sont à la marge, tempère aussi la directrice Sophie Queriaud. Il n'y a évidemment aucune contrainte dans ces courriers. En revanche, depuis une dizaine de jours, nous recevons quotidiennement quatre à cinq mails et appels téléphoniques de médecins intéressés… »
Le conseil espère lancer rapidement les recrutements afin de pourvoir salarier cinq médecins d'ici à cet été et dix d'ici à la fin de l'année (à hauteur de 4 500 à 6 000 brut mensuels sur une base moyenne de 35 heures).
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