Peut mieux faire : en Nouvelle-Aquitaine, seuls trois dispositifs d’appui à la coordination (DAC) sur onze comptent un médecin coordonnateur dans leurs rangs*. C’est ce que relèvent les Drs Amandine Delannoy et Adrien Franco dans leur mémoire** présenté lors des universités de la coordination en santé. De fait, alors que le réseau des DAC se consolide depuis six ans, la composition de ces équipes pluriprofessionnelles (praticiens, infirmiers, travailleurs sociaux, etc.) et leur structuration restent hétérogènes, variant selon les organisations préexistantes.
Points d’entrée uniques et gratuits, ces organismes, soutenus par les ARS, viennent apporter une aide concrète aux professionnels du territoire pour éviter les ruptures de parcours complexes, notamment en favorisant le maintien à domicile. Le DAC intervient par exemple en cas de polypathologies ou de cumul de difficultés sociales et/ou de santé mentale, pour une coordination de parcours ponctuelle ou durable.
Les 133 DAC emploient environ 3 000 ETP, allant des « coordinateurs » de parcours aux « référents » de parcours complexes, détaillait au Quotidien fin août Marion Bru, directrice du DAC 33 et présidente de la Fédération nationale des acteurs de la coordination en santé (FACS). « Ce sont des profils sanitaires majoritairement mais il existe aussi des profils issus du social », précise-t-elle.
64 % des directeurs des plateformes d’appui estiment qu’un médecin coordonnateur améliorerait la prise en charge
Alors que ces plateformes d’appui comptent finalement peu de médecins coordonnateurs, 64 % des directeurs estiment que ces derniers pourraient améliorer la prise en charge du patient. « Il y a un véritable besoin d’approfondir cette thématique », a expliqué le Dr Adrien Franco lors d’un atelier aux universités de la coordination. Lors d’un stage en DAC, il a constaté par exemple les difficultés des coordinateurs non médecins à « analyser l’ensemble des problématiques médicales, faute de praticien référent et à cause de l’hétérogénéité des formations initiales et des ressources disponibles sur le terrain ».
Les dirigeants des DAC de Nouvelle-Aquitaine sont directement confrontés à la problématique de l’accès aux soins : 90 % d’entre eux indiquent subir les effets de la désertification médicale. Certains se disent « victimes » voire « démunis » face à la carence de médecins traitants et de ressources territoriales suffisantes. « 73 % des directeurs DAC estiment qu'il est difficile d'accéder à une consultation de médecine générale », illustre le Dr Franco. Plus précisément, « 30 % des DAC sont contraints d'attendre plus de trois mois pour accéder au médecin traitant, 30 % entre un et trois mois ». Dans un département sur deux, au moins un quart des bénéficiaires ne disposent pas d'un suivi médical régulier.
Parmi les principaux obstacles, les dirigeants des DAC déplorent à l’unanimité les difficultés à obtenir la participation du médecin traitant dans les prises en charge de parcours coordonné. Ce qui complexifie la récupération des éléments du dossier médical, « aboutissant à ne pas avoir la capacité d’orienter au mieux les patients », ajoute le Dr Franco.
Des missions pas toujours définies
Les directeurs de DAC ayant un médecin coordonnateur témoignent d’un bénéfice direct. Leurs missions vont de l’évaluation des besoins médicaux pour optimiser le suivi à la recherche de solutions supplémentaires pour les prises en charge complexes, en passant par la simplification des parcours de santé. Un défi lourd au regard des besoins : les DAC de la région (hors Landes) comptent plus de 15 000 bénéficiaires dans leur file active mensuelle. « Quand il y a un médecin coordonnateur, il n’y a pas de difficultés ni pour joindre les professionnels de l'hôpital, ni pour former les non-médecins aux problématiques médicales », souligne le Dr Franco.
La Dr Alexandra Genthon, généraliste qui occupe cette fonction dans un DAC en Isère, fait état de réunions hebdomadaires pour répondre aux sollicitations d’accompagnement, avec les référents de parcours. Y sont discutés les freins, les pistes de prise en charge et les points de vigilance en fonction de la pathologie. Ce qui ne lève pas toutes les interrogations. « Le rôle et les missions du médecin coordonnateur ne sont pas clairement identifiés aux yeux des directeurs de DAC mais cela laisse entrevoir les multiples tâches pour lesquelles il pourrait être employé, avance le Dr Franco. La création d’une fiche de poste paraît licite. »

*11 DAC sur 12 ont été interrogés, le 12e étant dirigé par un médecin
** « La perception du rôle et la place du médecin coordonnateur dans un dispositif d’appui à la coordination », mémoire pour l’obtention du DIU de Coordination en gérontologie des Drs Amandine Delannoy et Adrien Franco, 2023-2024
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