Padhue, le combat continue

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Publié le 20/12/2024
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Malgré plusieurs mobilisations en 2024, les praticiens à diplôme étranger n’ont pas bénéficié de solution pérenne pour sortir de leur précarité.

Manifestation de médecins Padhue devant le ministère de la Santé le 19 janvier 2024.

Manifestation de médecins Padhue devant le ministère de la Santé le 19 janvier 2024.
Crédit photo : Arnaud Janin

Sur France Info, début novembre 2024, le Pr Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital européen Georges-Pompidou, lançait cette supplique pour l’intégration des médecins étrangers, dans un contexte de pénurie médicale. « Prenez tous ceux qui ont le niveau ! », cadrait-il. Le député LR résumait la problématique récurrente des Padhue, ces médecins diplômés hors Union européenne, essentiels au fonctionnement de nombreux services, mais maintenus dans la précarité et qui subissent un chemin de croix administratif pour tenter d’obtenir régularisation et plein exercice.

La loi Buzyn de 2019 avait pourtant éclairci l’horizon avec une autorisation d'exercice temporaire, le temps qu'une commission nationale étudie les dossiers vers la régularisation définitive. Mais ce dispositif n’a que partiellement fonctionné en raison de l’embouteillage des commissions d’évaluation. Quant à la nouvelle voie unique d’accès à l’exercice, via les épreuves de vérification des connaissances (EVC) et un parcours de consolidation des compétences (PCC), force est de constater qu’elle comporte des trous dans la raquette.

Ayant pris acte du taux d’échec à ce concours, laissant plusieurs milliers de médecins dans l’impasse avec le risque de perdre leur poste, la loi Valletoux de décembre 2023 avait introduit une dérogation d’exercice temporaire (13 mois maximum, renouvelable une seule fois), avant de repasser les EVC. Mi-janvier, Emmanuel Macron fixe le cap. Il affiche son souhait de « régulariser nombre de médecins étrangers, qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins. » Un projet de décret prévoit un statut de praticien associé contractuel temporaire (Pact), avant d’acquérir le nouveau statut unique de praticien associé (PA). Las, l’absence de textes d’application laissera une fois de plus les praticiens dans l’angoisse (même si une circulaire a permis de les prolonger). Plusieurs manifs et grèves jalonnent 2024, sans compter que l’obligation de passer un concours laisse nombre de médecins amers. Beaucoup exigent une régularisation sur dossiers. Au ministère, l’idée semble actée de réinventer les épreuves EVC, de manière plus souple. Côté parlementaire, à l’initiative du député LFI Damien Maudet, est examinée le 20 novembre en commission une proposition de loi pour « régulariser » les praticiens hors UE. Mais le blocage politique laisse une fois encore le dossier en jachère.

C. D. et A. J.

Source : Le Quotidien du Médecin