Le colloque singulier aurait-il du plomb dans l’aile ? Pas tant que ça répondent les patients. D’après une enquête de BVA pour la Fnim* (Fédération nationale de l’information médicale), les « défaillances » dans la relation médecin-patient en consultation sont peu courantes.
Alors que la santé est la principale préoccupation des Français (79 %), le dialogue avec le médecin généraliste apparaît comme toujours satisfaisant. Plus de 9 patients sur 10 répondent ainsi que lors de leur dernière consultation avec un généraliste, ils se sont sentis en confiance (91 %) et à l’aise (91 %), le médecin a bien répondu à toutes leurs questions de manière compréhensible (92 %) et était à leur écoute (92 %), ils estiment aussi qu’il a pris en compte leurs avis et remarques (90 %). 70 % déclarent également que le praticien s’est intéressé à leurs vies et à ses contraintes.
6 fois sur 10, le patient a oublié de poser une question
Malgré tout, une majorité de patients (58 %) ressortent parfois des consultations avec des questions qu’ils ont oublié de poser. Et lorsque les questions sont posées à la négative, les patients sont plus nombreux à pointer des dysfonctionnements. Ainsi au cours des deux dernières années, 40 % se sont déjà sentis pas assez bien pris en charge par leur médecin et 46 % pas suffisamment écoutés.
Les Français sont aussi conscients des contraintes qui pèsent sur les professionnels de santé. Ainsi, 59 % pensent que le temps des médecins est compté et « qu’il ne faut pas les ennuyer avec trop de questions ». Mais malgré cela, 64 % considèrent que les praticiens « donnent leur temps sans compter pour s’occuper des patients ». Le médecin reste ainsi la première source d’information des malades.
Devenir davantage partenaires
Même si les relations restent au beau fixe, elles évoluent malgré tout, les patients ayant des attentes différentes qui correspondent aux évolutions de la société. Et c’est là que le bât blesse, car le monde de la santé apparaît sur plusieurs points en décalage avec les changements sociétaux. Par exemple à l’heure de l’instantanéité des informations via Internet, la gestion de l’attente est peu aménagée à l’hôpital et chez le médecin et les « lourdeurs administratives paraissent d’un autre temps ».
De la même façon, dans la société se développent des rapports moins hiérarchiques, plus horizontaux, mais dans le monde de la santé, le médecin reste difficile d’accès pour beaucoup de patients avec une « dictature de la blouse blanche » même si dans le même temps le praticien attend beaucoup d’eux (observance, attente, adaptation… ). Alors que l’époque est aux services de plus en plus personnalisés, le fait que les patients chroniques ne soient pas reconnus d’une hospitalisation à l’autre ou que l’identification se fasse par un numéro à l’hôpital est vécu aussi comme un décalage pour les patients.
Par ailleurs, même si la relation médecin-patient est asymétrique par essence et ressentie comme telle, quasiment l’unanimité des sondés (95 %) considère que les patients « peuvent apporter des informations utiles au médecin sur leur expérience du "vivre avec" la maladie ». Et dans la collaboration entre le praticien et son patient, si l’éducation thérapeutique reste très largement sous-utilisée (seulement 9 % des sondés ont déjà participé à des séances), elle intéresserait près de 7 patients sur 10 (67 %).
*Enquête quantitative réalisée par Internet du 29 octobre au 3 novembre 2019 auprès d'un échantillon représentatif de 1 000 personnes de 18 ans et plus et enquête qualitative table ronde avec 6 associations de patients.
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