Située à 80 km de Toulouse, au pied des Pyrénées, la maison de santé pluridisciplinaire de Prat-Bonrepaux (Ariège) risque de fermer ses portes, faute de médecins de famille. Pourtant ouverte il y a trois ans et demi, après dix ans de gestation, la structure regroupe dix-sept professionnels de santé (infirmiers, kinés, sage-femme, ostéopathe, diététicienne, opticien, etc.) mais un seul médecin généraliste qui doit prendre sa retraite en janvier prochain. « Si nous ne trouvons personne, alerte Emmanuel Cécile, maire de la commune, les autres professionnels de santé dont six infirmiers risquent de partir car il faut un médecin dans l’équipe ! »
Face à cette triste perspective, la commune rurale de 1 000 habitants s’est mobilisée avec le soutien de la communauté de communes pour « essayer de sortir du lot » afin de séduire les candidats. « Les jeunes médecins sont prêts à venir… à condition qu’on les salarie », ajoute l’édile, qui reconnaît que « le salariat des médecins devient une solution » choisie par de nombreux territoires et souvent plébiscitée par la nouvelle génération.
Les jeunes médecins sont prêts à venir à condition qu’on les salarie
Emmanuel Cécile, maire de Prat-Bonrepaux
Basculer vers le modèle centre de santé ?
De fait, Prat-Bonrepaux ainsi que les 15 villages environnants (6 000 habitants) étudient la possibilité de créer « un syndicat intercommunal à vocation unique », autrement dit un établissement public de coopération intercommunale pour salarier des médecins, notamment généralistes. Conséquence, la maison de santé pluriprofessionnelle – qui fonctionne avec des libéraux – basculerait vers le modèle de centre de santé, recrutant des praticiens salariés. Le salaire proposé oscillerait entre « 5 500 et 7000 euros brut » pour un équivalent temps plein, confie le maire. « Nous avons pensé à une autre solution consistant à passer par la région pour salarier les médecins », confie-t-il. Mais cette issue a moins la faveur des élus locaux car « nous ne serons pas maîtres du projet de santé », recadre Emmanuel Cécile.
Les élus sont prêts à satisfaire une autre « exigence » posée par les candidats à l’installation : ne pas exercer seul. « Notre généraliste travaille 70 heures par semaine, avec 2 500 patients. Avec cette grosse patientèle à reprendre, les jeunes médecins ont peur d’être immédiatement embolisés. Cela signifie le recrutement non pas d’un mais de deux médecins », précise l’édile.
Notre généraliste travaille 70 heures par semaine, avec 2 500 patients
Contrairement à certains maires bretons qui ont signé des arrêtés municipaux symboliques pour forcer l’État à agir afin de garantir l’égalité d’accès aux soins, le maire de Prat-Bonrepaux préfère miser sur l’incitation. Outre sa participation au salariat direct des médecins, la commune finance déjà la rénovation d’un logement qui sera mis gracieusement à la disposition des futures recrues. « C’est un plus. Je consacre la moitié de mon temps pour trouver des médecins. C’est ma priorité », lance le maire qui insiste sur l’attractivité de sa commune, « avec des commerces, des écoles et un environnement dynamique ».
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