Voilà une bonne nouvelle pour les médecins généralistes qui exercent avec des infirmiers Asalée. Un accord a été signé le 11 juin entre la Cnam et l’association qui les emploie permet de pérenniser le dispositif. La Dr Isabelle Rambault-Amoros, présidente d’Asalée, ne cache pas son soulagement. En 2023, les négociations entre la Cnam et l’organisation, subventionnée à hauteur de 95 % par l’Assurance-maladie, étaient dans une impasse. « Aujourd’hui, les choses ont bien changé. La Cnam n’est plus fermée comme avant », commente la généraliste installée dans les Deux-Sèvres (79).
Négocié en juillet puis en août 2023, le contrat entre les deux parties avait achoppé sur plusieurs propositions de la Cnam, toutes refusées par l’association, comme le fléchage du recrutement des paramédicales vers les zones déficitaires. Désormais, « ce point de blocage a été levé », déclare la Dr Rambault-Amoros. « La Cnam a entendu notre argument selon lequel les zonages ne sont pas toujours à jour, alors l’implantation des Asalée sera prioritairement dans les territoires en difficulté, mais on tiendra compte aussi des besoins locaux. » L’autre point de blocage levé concerne la gouvernance. « Un comité de suivi se réunira tous les trimestres et l’association continuera à être gérée par un conseil d’administration, ajoute la généraliste. Il n’y a pas de reprise en main de la gestion par la Cnam comme nous le craignions. »
Soutien de MG France
Selon la Dr Rambault-Amoros, cette signature a été aussi rendue possible grâce au soutien de MG France qui, en pleine négociation conventionnelle, est monté à plusieurs reprises au créneau pour sauver ce dispositif dont l’efficacité n’est plus à démontrer. « Les protocoles de coopération Asalée ont permis de réaliser environ 10 % d'économies sur les prescriptions, les hospitalisations, les dépenses de soins », rappelle la présidente d’Asalée.
Sollicitée par Le Quotidien, la Cnam « se réjouit d’avoir abouti à cet accord », tout en réaffirmant son soutien « historique et permanent » à ce dispositif qui permet « une coordination renforcée entre médecins et infirmiers des délégations d’actes afin de libérer du temps médical ». En 2023, l'Assurance-maladie a investi une enveloppe supérieure à 80 millions d’euros et pour 2024, l’enveloppe va grimper « à près de 105 millions d’euros ». « La signature d’une nouvelle convention de financement vise à assurer la pérennité de ce dispositif important pour l’accès aux soins », poursuit la Cnam. Mais en raison de l’ampleur des sommes engagées, l’Assurance-maladie insiste sur la nécessité d’une « évaluation régulière et un pilotage rigoureux au regard de sommes engagées ».
Créé en 2004 pour améliorer la prise en charge des maladies chroniques* en médecine de ville à travers un protocole de coopération, ce dispositif emploie 1 550 infirmières en équivalent temps plein (ETP) (soit 2 080 infirmiers) et compte jusqu’à 9 200 médecins généralistes adhérents. Avec ce financement, « nous allons pouvoir payer la totalité des infirmiers Asalée et poursuivre sereinement notre mission qui est de recruter et de former ces professionnels ». Dès l’année prochaine, l’association estime pouvoir « doubler les effectifs » à condition que l’accompagnement financier de la Cnam se poursuive dans le cadre d’un nouveau contrat à négocier dès cet automne.
* diabète, risques cardiovasculaires, BPCO, asthme, troubles du sommeil, troubles cognitifs, accompagnement de l’enfant et adolescent en surpoids, sevrage tabagique, dépistage de certains cancers
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