Écrivain à succès, auteur récent de Tous les silences ne font pas le même bruit, où il raconte notamment les préjugés et l’homophobie en France, le Dr Baptiste Beaulieu, 39 ans, a porté plainte mardi 12 novembre contre un patient qui l’avait agressé à son cabinet.
Le généraliste de Toulouse a détaillé les faits sur son compte Instagram, où il est suivi par plus de 400 000 followers. Ce matin-là d’après jour férié, sa salle d’attente est bondée. Alors que des bébés sont également présents, un patient impatient qui n’avait jamais posé de problèmes veut forcer le passage pour être reçu avant tout le monde, sans motif médical valable, s’énerve et « dégoupille », menaçant le médecin de le frapper.
Si elle est symptomatique de la banalisation des violences subies par nombre de médecins généralistes, l’agression a également pris un tour homophobe. « Il m’a traité de sale pédé et agoni d’insultes en tous genres, avant de menacer de venir “un moment où il n’y aurait plus de patients en salle d’attente pour s’expliquer entre hommes” puis il finit sa tirade en se moquant parce que ma voix a trembloté un moment », raconte Baptiste Beaulieu.
Ce qui me désole, c’est l’idée que les décideurs politiques ne sont pas confrontés à cette violence quotidienne que leurs politiques libérales engendrent
Dr Baptiste Beaulieu
Le généraliste écrivain ne fait pas mystère de sa grande lassitude à exercer dans des conditions aussi dégradées. « Ce n’est pas la première fois que cela arrive et parfois je me demande pourquoi je continue à me faire du mal en essayant de soigner des enragés », écrit dans son post le praticien, qui peine à trouver du sens à son métier. « À la base, j’exerce ce métier car j’aime les gens. Je les aime de moins en moins et un jour j’arrêterais, car vaut mieux arrêter que de continuer en haïssant le monde entier », commente-t-il.
D’autant que son cas n’a rien d’exceptionnel. « Ce qui me désole, c’est d’entendre les consœurs et confrères relater des cas similaires », poursuit-il, ce que confirment les commentaires de soignants sous son post Instagram. Avant d’épingler les autorités en matière de santé. « Ce qui me désole, c’est l’idée que les décideurs politiques ne sont pas confrontés à cette violence quotidienne que leurs politiques libérales engendrent », explique le médecin.
La notoriété du Dr Beaulieu pourra-t-elle faire progresser le combat de la profession confrontée à un niveau record de violences et d’incivilités ? Un plan sur la « sécurité des soignants » a certes été annoncé (et en partie lancé) en septembre dernier. En attendant sa concrétisation, les agressions physiques et verbales étaient en très forte progression en 2023 (+ 27 % en un an), atteignant un pic historique, selon le dernier bilan de l’observatoire ordinal de la sécurité des médecins.
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