La téléconsultation monte en charge tout en douceur. L’Assurance maladie a misé sur 500 000 actes en 2019, mais dans les faits avec 8 000 actes sur les six derniers mois, on est encore loin du compte. Pourtant sur le terrain, certains acteurs sont déjà très engagés. Jeudi 28 mars, lors du Focus santé numérique de demain, organisé par le Groupe Profession Santé (dont fait partie Le Généraliste), plusieurs professionnels ont en effet partagé leurs premiers retours d’expérience sur la télémédecine.
Le député et cardiologue Jean-Pierre Door a ainsi présenté son Association de télémédecine du Gâtinais qui s’appuie sur deux cabinets de téléconsultation (photo) et réunit huit communes du Loiret, un des départements les plus sous-dotés en médecins généralistes en France. Selon l'ancien maire de Montargis, il revient aux élus de prendre en main et d’accompagner ce genre de dispositif. « La population vient directement solliciter les élus quand il n’y a plus de médecin dans la commune », explique-t-il. Avec plus de 300 consultations depuis le mois de juin, l’élu semble satisfait du développement de son projet.
Mais cette réalité sur le terrain de la téléconsultation est bien différente par exemple de celle d’une entreprise privée comme Qare. Aujourd’hui, la start-up réalise 150 téléconsultations par jour. « Notre vision est que la téléconsultation devienne quelque chose de quotidien avec 3 000 téléconsultations quotidiennes et un panel de 3 000 praticiens », explique son fondateur et directeur médical Alexandre Maisonneuve. Le bémol actuel demeure selon lui l’aspect réglementaire : « Le parcours de soins présentiel, comme il est conçu, n’a pas de sens transposé dans le monde numérique, il doit être un peu différent, il faut le faire évoluer », souligne-t-il. Le tout avec pour but de rendre l’utilisation la plus simple possible pour le patient.
Une intelligence collective
Mettre en avant des solutions opérationnelles sur le terrain, c’est aussi le credo de Laïla Hamdouni, infirmière connectée comme elle se définit elle-même. « Moi je vois simplement ce qui est pratique et qui va servir au patient », affirme-t-elle. « Quand j’entends dire des médecins qu'il leur faut toucher le patient, le voir en vrai… Laissez-moi vous dire qu’à l’hôpital les médecins « touchent » rarement les patients dans la journée, il n’y a pas de contact tactile avec eux. L’infirmière prend les constantes le matin, le midi, le soir, alerte et alarme les médecins qui vont recueillir les informations et les transmettre. Voilà la réalité à l’hôpital », détaille-t-elle. « On n’a pas besoin d’inventer l’eau chaude, d’inventer une usine à gaz. La collaboration infirmier-médecin-pharmacien, elle existe déjà. Avant de parler d’intelligence artificielle, commençons par parler d’intelligence humaine et collective », insiste l’infirmière.
En Ehpad, la télémédecine peut libérer la parole
Pourle Dr Isabelle Hauger, médecin coordonnateur en Ehpad à Talence (Gironde), contrairement aux a priori, « la télémédecine permet de fédérer les équipes autour du patient des résidents ». En Nouvelle Aquitaine elle a accompagné l’ARS pour lancer la télémédecine dans 55 Ehpad de Gironde. Elle a également constaté que la télémédecine avait un autre avantage, « le résident ose parler de sa pathologie au médecin, plus qu’en consultation en présentiel, car ils n’ont pas la peur de l’hospitalisation ». Au départ, la téléconsultation a surtout été utilisée pour des problèmes de plaies et cicatrisation ou des troubles du comportement mais finalement elle s’est avérée utile pour des besoins très divers : « aussi bien en ophtalmologie, en soins bucco-dentaires, pour les soins palliatifs, en médecine générale etc », explique Isabelle Hauger. Mais la mise en place dans les établissements demande un investissement important, en temps notamment. Ce qui explique que parmi les 55 Ehpad, certains ne se sont pas du tout approprié ces projets et que le nombre de téléconsultations réalisées par an varie entre 0 et 80 selon les établissements.
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