Latronquière, village de 550 habitants, situé à l’extrémité nord-est du département du Lot (Occitanie), est-il en passe de retrouver un médecin généraliste ? En cette fin octobre, la maire de la commune, Éliane Lavergne, ses administrés, et le principal intéressé, le Dr Pierre-Henri Hansen, veulent en tout cas le croire.
D’autant que la venue de ce généraliste de 68 ans au centre de santé intercommunal de la bourgade mettrait fin à une situation pour le moins ubuesque, dans un contexte local de pénurie de médecins. En effet, le Dr Hansen vit à Latronquière et y a exercé en libéral entre 2008 et 2017. « C’est pendant ces années que Marisol Touraine, ministre de la Santé de l’époque [2012-2017, NDLR] a dit qu’elle ferait le tiers payant généralisé pour tout le monde », se souvient-il. « La pression administrative existante commençant déjà à me sortir par les oreilles, j’ai dit : j’arrête, je ferme le cabinet et je fais autre chose », poursuit le généraliste au caractère bien trempé.
Il tourne donc la page en devenant médecin coordonnateur dans trois Ehpad du territoire. Et lève progressivement le pied pour ne plus garder qu’une activité dans une seule structure. Jusqu’à l’année dernière. « En 2024, il y a eu un changement de gestionnaire dans le dernier Ehpad où j’intervenais. Ce qui ne m’a pas plu dans la mesure où on n’était plus du tout dans le respect et la bienveillance envers les personnes âgées, mais dans la performance et la rentabilité ». Le Dr Hansen, décide donc de démissionner pour se retrouver pleinement à la retraite. « Je me suis ennuyé », admet-il.
Présence médicale aléatoire
Le médecin propose alors ses services au centre de santé de Latronquière en tant que médecin salarié en cumul emploi-retraite, où la présence médicale se limite à deux jours par semaine. Seule condition : être exempté de permanence des soins. « J’ai fait suffisamment de gardes durant ma carrière pour ne pas rempiler et faire les week-ends », estime-t-il. Une candidature qui enthousiasme d’autant plus les élus de la petite commune que, faute de bras, les créneaux de consultations sont devenus aléatoires à l’antenne santé de Latronquière. « Quinze jours sans présence médicale en août, sept jours en septembre… », relève le conseil municipal.
Mais les responsables du pôle santé de la communauté de communes du Grand Figeac (45 000 habitants), dont dépend Latronquière, ne l’entendent pas de cette oreille. En lieu et place, ils proposent plutôt au Dr Hansen d’intervenir au centre hospitalier de Figeac, distant d’une trentaine de kilomètres, où des besoins en médecins existent aussi. « Si je reprends une activité, ce n’est pas pour faire des allers-retours entre Figeac et Latronquière », rétorque le généraliste sexagénaire.
Dénouement en vue ?
La situation, bloquée depuis près d’un an, vient d’occasionner la rédaction d’une motion signée à l’unanimité par les élus du petit village. Elle a été adressée ce 2 octobre à la préfecture du Lot. « Considérant le refus d’embauche [à Latronquière] du Dr Hansen, décision prise sans justifications claire ni argument recevable », le conseil municipal demande « qu’une réponse concrète et urgente soit apportée afin de garantir un accès aux soins pérenne, cohérent et de qualité pour les habitants du territoire », peut-on lire.
Un courrier que n’aurait guère apprécié le président du Grand Figeac… Mais la toute récente annonce du départ, d’ici à la fin de l’année, de l’actuel généraliste qui assure des consultations au centre de Latronquière vient, peut-être, de rebattre les cartes pour le Dr Hansen et l’accès aux soins des habitants du village et des communes alentour. « A priori, je devrais prochainement rencontrer le président du Grand Figeac pour qu’il me propose un contrat au centre intercommunal », confirme le Dr Hansen. Qui, à toutes fins utiles, rappelle ses conditions : deux jours par semaine et pas de gardes.
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