« La Dr Diakhité a envoyé un nouveau courrier de demande d’installation au sein du pôle santé de Bornel. Et cette fois, il se murmure que l’autorisation de l’Ordre serait accordée », confie, en croisant les doigts, Dominique Toscani, maire de la petite commune de Bornel. Bientôt une issue heureuse à cette rocambolesque histoire d’une installation refusée en plein désert médical ?
En août 2023, alors que l’édile se réjouissait d’avoir trouvé une généraliste prête à rejoindre l’équipe du pôle de santé de la ville, l’Ordre des médecins de l’Oise douche son enthousiasme. En effet, parmi les quatorze professionnels (kinés, infirmières, sages-femmes) du pôle de santé, l’institution ordinale relève aussi la présence de deux sophrologues et d’une psychanalyste dans les locaux, ce qui conduit à un veto ordinal.
De fait, « la sophrologie et la psychanalyse n’étant pas assujetties aux professions médicales, elles ne peuvent donc exercer conjointement avec votre activité, y compris avec des salles d’attente séparées », écrivait l’Ordre départemental dans un courriel à la généraliste. « On marche sur la tête ! », avait fulminé le maire, d’autant plus remonté que la structure abrite déjà un pédiatre. Sans compter que la communauté de communes avait déboursé 7 000 euros dans l’aménagement des locaux et pris la précaution de bien séparer les salles de consultation médicale de celles des autres praticiens.
L’affaire prend un nouveau tour en janvier 2024 lorsque les élus de la commune, plutôt que de s’obstiner dans un conflit stérile avec l’Ordre, décident de réhabiliter l’ancienne maison de quartier en cabinet médical pour y accueillir la généraliste. La Dr Diakhité y exerce depuis septembre, à raison de trois jours par semaine. « En réalité, elle travaille plutôt quatre jours pour répondre aux besoins de la population et elle a aussi accepté de faire des visites à domicile pour les patients âgés. Elle est très appréciée mais regrette de devoir exercer en solo, sans compter que le cabinet médical présente des difficultés d’accès pour les personnes à mobilité réduite », détaille Dominique Toscani.
C’est en s’appuyant sur cet argument de l’accessibilité qu’un nouveau courrier de requête est donc parti à l’Ordre, doublé d’un petit tour de passe-passe postal. En effet, le pôle de santé est situé à l’angle de deux rues : une fois les travaux d’aménagements réalisés, « qui sont en cours » confirme l’édile, la médecin généraliste aura donc sa propre adresse et une entrée distincte ! Tout en exerçant au même endroit… Simple comme l’œuf de Christophe Colomb, mais encore fallait-il y penser.
Si l’autorisation de l’Ordre devait se confirmer dans ces conditions, le maire veut croire que la jeune généraliste exercera à terme cinq jours par semaine. Quant aux locaux où elle reçoit actuellement, ils pourraient, avec quelques agencements, accueillir de nouveaux médecins.
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