« Allez-vous demander, sans hésiter, 55 euros pour l’annonce de maladies graves ? » Le débat lancé par Le Généraliste a divisé les 200 praticiens qui y ont répondu. 33 % des médecins de famille affirment qu’ils appliqueront la majoration de 30 euros (MIS pour les pathologies neurodégénératives, cancer… ou PIV pour le VIH) qui valorise un temps de consultation plus long. 43 % répondent qu’ils ne le feront pas et 24 % font part de leur hésitation.
« Je ne comprends pas où se trouve le problème, pourquoi culpabiliser vis-à-vis d’un tarif officiel ? » s’interroge le Dr N. Selon lui, les médecins ne devraient pas rougir de réclamer cette majoration. Le Dr J. reconnaît le caractère délicat de cette requête, mais appelle les médecins à être « courageux ». « Il est possible que mon percepteur “hésite” à me réclamer l’impôt si je venais à perdre ma femme, mais il le ferait quand même », ironise-t-il.
Une requête indécente ?
Pour d’autres confrères, il est inconcevable de demander 55 euros aux patients concernés. Dire « Madame, vous avez un cancer, donc je vous prends plus cher… » est perçu comme une « double peine » pour le Dr W., qui juge « honteux » d’appliquer la majoration. Le Dr D. s’indigne : « Le comble ! Après lui avoir annoncé qu’il a un cancer ou une maladie grave, on demande au patient de payer deux fois plus cher ! » Dans le cas présent, le tiers payant apparaît une alternative salutaire pour plusieurs médecins. Ainsi, la prise en charge de la consultation est effectuée par l’Assurance maladie, sans avance par le patient.
De son côté, le Dr E. se verrait bien inverser les tarifs entre les consultations d’annonce et celles de tous les jours : « J’aimerais mieux pouvoir coter cher une visite qui me fait perdre mon temps qu’une consultation vraiment tragique, que d’ailleurs généralement je n’ose pas faire payer… Car sortir les biftons après un moment pareil me paraît indécent. »
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