Les chiffres consolidés de l’Assurance-maladie sont sans équivoque : le recours à l’assistant médical, ça marche. Dans une étude publiée la semaine dernière, la Cnam confirme la montée en puissance régulière de ce dispositif lancé il y a cinq ans, même si les objectifs initiaux ne sont pas encore atteints.
Fin octobre 2024, 7 240 contrats étaient recensés – dont 5 283 pour des médecins généralistes et 1 957 pour des spécialistes. Malgré l’évolution positive de la courbe des embauches, ces chiffres restent assez éloignés du cap symbolique des « 10 000 assistants médicaux » à l’horizon 2025 annoncés par Emmanuel Macron. Bonne nouvelle pour la Cnam, ces contrats d’assistants médicaux ont eu un impact positif évident sur, d’une part, la progression moyenne de la patientèle médecin traitant (MT) et, d’autre part, sur l’effectif de la file active des médecins aidés, contrairement à leurs confrères n’ayant pas eu recours à ce dispositif.

« Après 48 mois de recours à un assistant médical, les médecins enregistrent une progression moyenne de leur patientèle médecin traitant de + 18,9 % et de leur file active de + 5 %, contre respectivement des évolutions + 6,6 % et - 5,3 % pour les professionnels n’y ayant pas eu recours sur la même période », se félicite la Caisse. Pour rappel, début 2024, la patientèle MT était de 1 091 patients par généraliste en moyenne (y compris les enfants).
Les missions confiées à l’assistant médical relèvent de trois domaines d’intervention : des tâches de nature administrative, des missions en lien avec la préparation et le déroulement de la consultation, et des missions d’organisation et de coordination. Ce bilan à cinq ans montre que les assistants médicaux présentent toujours des profils variés. Si plus de la moitié sont d’anciens secrétaires médicaux (54 %), 9 % étaient auparavant infirmiers et 4 % aides-soignants. Un tiers d’entre eux (33 %) exerçaient d’autres métiers divers non soignants avant leur formation d’assistant médical.

Plus de patients et plus d’actes quotidiens
Pour évaluer l’impact du recrutement d’un assistant sur l’activité après 48 mois (sur une période permettant de neutraliser les effets de la crise sanitaire), la Cnam a ainsi comparé l’évolution de la patientèle médecin traitant, de la file active et des volumes d’actes par jour de travail entre généralistes signataires et non signataires, sur une période de quatre ans s’étalant soit du 1er juillet 2019 au 30 juin 2023, soit du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2023. Au final, l’activité moyenne des 402 médecins signataires a été comparée à celle de 18 580 médecins non signataires.
À l’arrivée, donc, « la hausse de la patientèle MT des médecins signataires est significativement plus élevée » que celle de leurs confrères. En moyenne, elle a augmenté de 258 patients pour les signataires contre seulement 85 pour les non-signataires. Parmi les médecins ayant embauché un assistant, les plus de 40 ans observent une hausse de leur patientèle MT de 250 personnes et ceux de moins de 40 ans de 365 personnes. C’est dans cette dernière tranche d’âge que l’écart est le plus marqué (+ 20 points).
Les médecins ayant signé un contrat ont en moyenne augmenté leur nombre d’actes par jour de travail de 7,2 % (+ 2 actes)
Cnam
En ce qui concerne l’évolution comparée des files actives (toujours à 48 mois) entre signataires et non signataires, la différence est également très nette. Ainsi, quelles que soient les variables de stratification, les files actives moyennes ont diminué sur la période étudiée chez les médecins non signataires alors qu’elles ont systématiquement augmenté chez ceux qui ont recruté un assistant médical.
Enfin, l’étude documente un effet direct sur le nombre d’actes par jour de travail. « Les médecins ayant signé un contrat ont en moyenne augmenté leur nombre d’actes par jour de travail de 7,2 % (+ 2 actes) alors que les médecins non signataires l’ont augmenté seulement de 0,5 % (+ 0,1 acte) », peut-on lire dans l’étude.
Même si elle reconnaît la taille assez réduite de ce premier échantillon (402 contrats de 48 mois), la Cnam salue « l’efficacité » du dispositif et sa capacité à dégager du temps médical. De fait, cette hausse d’activité concerne tous les profils d’omnipraticiens, qu’ils aient ou pas une forte activité initiale, qu’ils choisissent l’option temps plein ou temps partiel, qu’ils exercent en groupe ou en maison de santé, en zone sous-dense ou pas.
Jusqu’à 76 000 euros d’aides
Pour rappel, c’est la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 qui avait habilité les partenaires conventionnels à définir les conditions et modalités du soutien de l’Assurance-maladie pour faciliter le recrutement d’assistants médicaux dans les cabinets libéraux. Ces subventions pérennes peuvent atteindre en théorie jusqu’à 76 000 euros mais elles restent assorties d’objectifs chiffrés individuels d’augmentation (ou de stabilisation dans certains cas particuliers) de la patientèle MT et de la file active (en fonction du niveau de départ).
Concernant les profils des médecins séduits par le dispositif, les 7 240 contrats se répartissent entre les généralistes (77 % des contrats, soit 5 283 dossiers) et les spécialistes (23 %, soit 1 957 contrats). Cela représente respectivement 14,5 % des généralistes et 11,1 % des spécialistes éligibles. Les médecins exerçant en zone sous-dense représentent la majorité (57 %) des signataires. La moitié d’entre eux exercent au sein d’un cabinet de groupe et près du quart en maison de santé.
Si les généralistes sont de plus en plus nombreux à adhérer au dispositif, la Cnam constate encore « une forte disparité géographique » qu’il serait bon d’atténuer. Étrangement, la plupart des départements côtiers affichent une part de signataires relativement faible (autour de 10 %) parmi les médecins éligibles comparativement aux autres départements. À l’inverse, on compte 24 départements ayant dépassé 20 % de médecins signataires, avec un maximum de 93 % pour le département de Mayotte, 79 % pour l’Ariège et un minimum de… 5 % pour la Seine-Maritime.
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